Le tombeau français de Jacques II

Jacques II Stuart a trop aimé le pouvoir. Ce roi catholique qui se revait en monarque absolu en terres anglicanes s'est vu destitué par sa propre fille Marie et son gendre Guillaume d'Orange en 1688. La Glorieuse Révolution ouvre une nouvelle période pour l'Angleterre, celle des prémices de la monarchie parlementaire moderne. Jacques II part alors se réfugier auprès de son cousin Louis XIV qui l'accueille à Saint-Germain-en-Laye. C'est ici qu'il rend son dernier souffle le 16 septembre 1701.

Vient alors une épineuse question. Que faire de la depouille d'un ancien monarque détesté en son pays ? La seule solution, l'inhumer en France. Comme pour tout souverain, Jacques II est momifié.

Son corps est d'abord enterré au couvent bénédictin anglais de Paris avant de finalement finir dans une fosse commune. Quant à ses entrailles, elles sont divisées en trois lieux distincts. Son cœur est placé dans l’ancien collège des Jésuites anglais de Saint-Omer, devenu par la suite un hôpital militaire puis une annexe du lycée Ribot. Son cerveau est quant à lui confié au collège des Écossais à Paris. Les parties nobles du corps royal font l'objet d'une véritable adoration puisque jusqu'à la Révolution française, les anonymes sont nombreux à déposer des cierges en sa mémoire. Mais après la Révolution, ils disparaissent à jamais, profanés par les révolutionnaires.

Le reste est inhumé en l'église de Saint-Germain-en-Laye. Au XIXe siècle, ces entrailles avaient disparu mais ils sont finalement retrouvés en 1824 lors de travaux de rénovation de l'église. George IV ne souhaite pas faire revenir cet ancien roi catholique détrôné en Angleterre. Il finance au contraire la construction d'une nouvelle église de style classique pour remplacer l'ancienne. En son sein, la chapelle Saint-Georges est destinée à abriter le tombeau de Jacques II dans un style antique.

La construction de la chapelle en la mémoire de Jacques II est achevée inextremis pour la visite en France de la reine Victoria en août 1855. C'est ainsi que reposent aujourd'hui le peu de restes qui subsistent du corps de Jacques II, roi d'Angleterre en terre de France.