"Harry et Meghan" sur Netflix : ce qu'il faut retenir

Il est 9h01 ce 8 décembre 2022 quand la plateforme suivie par 223 millions d’abonnés Netflix met en ligne les trois premiers épisodes d’une série documentaire qui promettait, dès la parution de la bande-annonce de 2 min, d’être explosive. Et cette série a tenu ses promesses.

 

Les Kardashian royaux sont bien nés

La série commence par des mentions nous indiquant que les entretiens ont été réalisés avant le mois d’août 2022 et qu’aucun proche ou membre de la famille royale n’a souhaité participer à ce documentaire. Selon le Daily Mail, quelques minutes après la diffusion des épisodes, des conseillers de la Couronne se sont indignés, affirmant qu’ils n’ont jamais été contacté. Vrai ou faux, l’absence de membres de la famille royale est un bienfait. Se rabaisser à un tel documentaire aurait porté atteinte à l’image de la monarchie britannique.

« On en a fini avec nos obligations royales. Je ne sais pas comment on en est arrivé là. » Les premiers mots de Harry donnent le ton à toutes ces minutes qui forment le documentaire. Le couple est là pour exprimer « leur vérité ». Il est loin, le temps où la maxime victorienne « Never explain, never complain » (ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer) dictait leurs actions. Tel un show à l’Américaine fait de belles images et d’étalage de sentiments et de vie privée, ce documentaire est choquant à bien des égards.

Harry et Meghan apparaissent d’abord en train de se filmer avec leurs téléphones portables alors qu’ils viennent de terminer leurs derniers engagements royaux et partent en Amérique commencer leur nouvelle vie. On comprend alors qu’ils ont fourni à la réalisatrice Liz Garbus un grand nombre de photos et vidéos personnelles. Eux qui avaient fuis leurs obligations pour protéger leur vie privée se voient désormais obligés de l’exposer au grand public pour encaisser quelques 100 millions de dollars.

Jusqu’ici les images d’Archie et de Lilibet se comptaient sur les doigts d’une main depuis leur départ du Royaume-Uni. Le couple Sussex se rattrapent bien avec ce documentaire bien trop personnel visuellement. A l’image des Kardashian, les Sussex produisent leur propre téléréalité qu’ils ont enrichis de nombreuses images depuis le début de leur relation. Meghan va même jusqu’à commenter une photo de mauvaise qualité qu’elle a prise du prince, genoux à terre dans les jardins du palais de Kensington pour la demander en mariage un soir de novembre 2017.

 

Victimes et incompris de la famille royale

Avec ce documentaire, Harry et Meghan portent un nouveau coup sur la famille royale qui va particulièrement blesser le roi et le prince de Galles. Harry n’hésite pas à affirmer qu’il a été « littéralement élevé » par une « deuxième famille » en Afrique, où il avait choisi de passer trois mois à la fin de son adolescence pour accepter la mort de sa mère. Quant à Meghan, elle juge le prince William et son épouse « formels en public comme en privé », laissant libre court aux sous-entendus. 

« Je crois que les membres de ma famille, en particulier les hommes, peuvent se sentir obliger d’épouser une personne capable de se fondre dans le moule au lieu de choisir quelqu’un qu’ils aiment vraiment. Ils prennent leur décision en écoutant leur raison plutôt que leur cœur. » Le fils cadet du roi Charles porte un coup de grâce à son père et son frère aîné. Eux qui ont su se détacher des traditions ancestrales désuètes de mariages arrangés pour vivre avec la femme qu’ils aiment sans pour autant entacher l’avenir de la monarchie.

Ce documentaire permet de nous confirmer une chose : ils se sont mariés trop tôt. William et Kate avaient attendus huit ans avant d’officialiser leur union. Huit années durant lesquelles le couple a pu apprendre à se connaître, tout en permettant à Catherine de se familiariser avec le protocole. Harry et Meghan nous racontent dans le deuxième épisode la première rencontre de Meghan avec la reine. Harry lui aurait fait la surprise en lui révélant la présence d’Elizabeth II à un dîner au Royal Lodge de Windsor qu’au dernier moment, alors qu’ils étaient en route dans la voiture. Meghan n’a donc jamais eu le temps d’apprendre et de s’entraîner à faire la révérence et à s’exprimer devant la souveraine. Une situation qui explique l’empressement contant du couple à chaque étape de leur vie. Meghan termine ce récit par une comparaison de la révérence à « une époque médiévale faite de rois, princesses et tournois ».

Harry n’hésite pas à s’affirmer comme le véritable héritier de la princesse Diana. Il compare facilement son épouse avec sa mère pour leur humanité, leur côté rebelle et leur expérience des paparazzis.

 

Paparazzis et racisme : fils conducteurs d’un documentaire victimisant

Le harcèlement qu’ils ont subi par les paparazzis est la première obsession de Harry et Meghan. Harry fut une véritable victime de cette agression médiatique durant son enfance. C’est un fait qu’il est impossible d’ignorer. Il justifie justement l’échec de ses précédentes relations à cause de la présence trop envahissante des paparazzis. En ce qui concerne leur vie publique épiée par les médias depuis l’annonce de leur relation en 2016, il est difficile d’apporter du crédit à la comparaison qu’ils établissent avec l’expérience de la princesse Diana. Ce harcèlement n’a jamais été au même niveau de ce qu’a vécu la princesse de Galles, et ce documentaire ne convainc pas du contraire.

Pour Meghan, « ils veulent juste nous détruire ». Le couple n’hésite pas à cumuler les unes de journaux malveillantes et insultantes pour justifier la création de ce documentaire et surtout leur fuite en Amérique. Une obsession qui parait maladive alors qu’actuellement ils affichent fièrement des images que des paparazzis n’auraient jamais pu obtenir comme une vidéo de Meghan avec une serviette sur la tête, des photos d’une soirée d’Halloween avec la princesse Eugénie, et bien d’autres.

L’autre grand thème de ces trois épisodes est le racisme. Sur trois longues heures de plaintes, une est entièrement consacrée à cette question. Ils expliquent que le système créé depuis la création de l’empire britannique enferme les membres de la famille royale dans un racisme conscient ou non. A leurs yeux, la société britannique, pourtant l’une des plus cosmopolites d’Europe, est plus raciste que celle des Etats-Unis. Un climat de haine contre les personnes à la peau foncée galvanisé par les médias et le Brexit. 

Ils vont jusqu’à remettre en cause la fierté qu’ont les Britanniques vis-à-vis de leur histoire à cause de l’esclavage qui a été « financé par les monarques successifs jusqu’à George III ». Ils définissent même le Commonwealth, pourtant si cher au cœur de la reine Elizabeth II et le fruit d’une bonne entente entre anciennes colonies britanniques, comme un nouvel empire oppressif et honteux. 

 

Harry et Meghan ont pris part à une série qui utilise l’image pour nous faire comprendre « leur réalité ». Plusieurs images utilisées sont trompées ou bien interdites. Lorsqu’ils parlent de leur harcèlement par les paparazzis, nous les voyons marchant de dos dans la propriété de l’archevêque Sud-Africain Tutu. Or, cette photo a en fait été prise par des journalistes accrédités ce jour-là. De plus, les vidéos de l’interview de la princesse Diana à l’émission Panorama en 1997 ont été interdites par le prince William. En somme, ce documentaire vient mettre un nouveau coup sur l’institution monarchique qui ne sera sans doute pas sans conséquences. Plusieurs médias britanniques indiquent déjà que leurs titres de duc et duchesse de Sussex leur seraient retirés ; ils seraient aussi interdits d’assister au couronnement de Charles III. L’avenir nous dira ce qu’il en sera, d’autant que les mémoires du prince Harry ne sont pas encore publiées et promettent déjà une nouvelle étape dans l’humiliation de ce couple détestable.