Ordre de succession au trône britannique

La monarchie britannique est dictée par des lois ancestrales qui font de cette institution un symbole de pérennité alors que le Royaume-Uni vit des heures sombres. Grâce à lui, la famille royale peut se proposer en un symbole fort d’unicité autour d’un unique individu : le monarque. L’ordre de succession respecte des règles strictes pour que jamais une légitimité ne soit contestée. Mais l’ordre de succession actuel est le fruit d’une longue histoire qu’il me plaît à vous faire découvrir les secrets. 

 

Histoire de l’ordre de succession

Le schisme de Henri VIII

Jusqu’au schisme de Henri VIII en 1534, la question religieuse ne se posait pas. Le souverain anglais était catholique et respectait les dogmes de l’Eglise et les bulles pontificales. Mais à cette date, Henri VIII crée l’Eglise d’Angleterre. Il ouvre ainsi la voie à des troubles sociaux et religieux profonds en terres britanniques. Et pour cause, ses successeurs n’ont de cesse de se tirailler entre les religions anglicane et catholique. Quand Edward VI est anglican, Marie Ire est catholique. Elizabeth Ire réinstaure ensuite l’Eglise d’Angleterre et en fait même la religion d’Etat. Pendant plus d’un siècle, l’Angleterre a gardé son indépendance vis-à-vis du pape tout en craignant le retour d’un souverain catholique. C’est finalement ce qui se produit en 1685 en la personne de Jacques II Stuart.

 

Jacques II le catholique

Jacques II est catholique et fier de l’être. Il veut à tout prix instaurer une monarchie absolue de droit divin à l’image de celle de son cousin Louis XIV. Ses visions politiques et religieuses pour l’avenir de son royaume dérangent, d’autant qu’avec la naissance de son fils Jacques François Stuart baptisé selon les rites catholiques, le retour d’une dynastie catholique semble inévitable. Les nobles anglais demandent l’aide de Guillaume III d’Orange, marié à Marie, la fille aînée de Jacques II. Il débarque en Angleterre en 1688 et force Jacques II à fuir en France. Guillaume et Marie sont fait conjointement roi et reine d’Angleterre et réinstaurent l’anglicanisme comme religion d’Etat.

 

L’Acte d’établissement

Plus jamais la peur d’un retour du catholicisme en Angleterre ne doit se faire sentir. En 1701, la reine Anne Stuart modifie les règles de l’ordre de succession au trône britannique par l’Acte d’établissement. Avec lui, tous les descendants des rois d’Angleterre et d’Ecosse de religion catholique sont exclus. La descendance catholique de Jacques II n’aura alors ne cesse de tenter la reconquête du trône. Mais la cause jacobite est vaine. La reine Anne n’a pas de descendance vivante à cette date. C’est donc à sa plus proche cousine protestante que revient l’hérédité du trône.

 

Sophie de Hanovre

Sophie de Hanovre est en fait la petite-fille de Jacques Ier. Cultivée et dotée d’un sens politique aigu, elle est très proche de sa nièce Elisabeth-Charlotte de Bavière, belle-sœur de Louis XIV, avec qui elle échangera une abondante correspondance. En 1702, elle a 71 ans lorsqu’elle devient brusquement l’unique héritière du trône britannique. Sophie rend son dernier souffle en juin 1714 à 84 ans. Elle n’a donc pas eu le temps de ceindre la couronne de Saint-Edward. Deux mois plus tard, c’est au tour de la reine Anne de trépasser à seulement 49 ans. Monte alors sur le trône un homme de 54 ans : George Ier de Hanovre.

Les règles de succession au trône britannique

Les règles avant 2011

Depuis l’Acte d’Union de 1801 qui unifie la Grande-Bretagne et l’Irlande sous une seule bannière, les règles originelles de la succession au trône se sont trouvées inchangées. La succession respecte en fait la primogéniture avec préférence mâle.

En d’autres termes, le fils légitime le plus âgé du souverain sortant hérite du trône. En cas d’absence de fils, la couronne revient à la fille la plus âgée du souverain défunt. La ligne de la succession suit ensuite les descendants de l'intéressé jusqu'à l'épuisement de sa lignée, avant de passer, toujours selon la même règle, à ses frères puis à ses sœurs, ainsi qu'à leurs descendants, en tenant compte de l'ordre des naissances.

Vous l’aurez compris, il n’existe pas de loi salique en Angleterre, à l’inverse de la Couronne de France. Les femmes peuvent donc devenir reines mais sous certaines conditions. Ainsi, étant donné que George VI et Elizabeth Bowes-Lyon n’ont eu que deux filles, Elizabeth II a pu monter sur le trône de Saint-Edward en 1952. Mais avant tout, pour être inscrit dans l’ordre de succession britannique, la non-appartenance à la religion catholique est primordial.

 

Les règles après 2011

Le 28 octobre 2011, la reine Elizabeth II profite d’une réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Perth en Australie pour faire changer une nouvelle fois l’ordre de succession au trône britannique. La duchesse de Cambridge était alors enceinte de son premier enfant sans que l’on sache encore quel était son sexe.

Désormais, l'ordre de succession est fixé par stricte primogéniture, sans préférence masculine. Ainsi l'enfant le plus âgé du souverain hérite du trône.

De plus, auparavant, une personne mariée à une personne catholique et ses descendants se voyait automatiquement exclue de l’ordre de succession, ce fut notamment le cas du prince Michael de Kent en 1978. Mais avec cette nouvelle loi, cette règle est abolie et le prince Michael de Kent a pu retrouver ses pleins droits dans l’ordre de succession.

Enfin, avant cette loi de 2011, tous les descendants au trône devaient demander le consentement du souverain pour se marier. Dès lors, cette loi est limitée aux six premiers héritiers de la Couronne, suivant l’ordre de succession.

 

L'ordre de succession actuel