Les funérailles d'Edward VII, dernier grand rendez-vous diplomatique

Le 6 mai 1910, Edward VII meurt dans sa chambre de Buckingham Palace. George V lui succède en tant que roi du Royaume-Uni et empereur des Indes. Le royaume se fige pour une longue période de deuil. D'abord exposé dans la salle du trône du palais de Buckingham, transformée en chapelle ardente, la dépouille du roi est ensuite placée dans le Westminster Hall pour permettre au peuple britannique de rendre ses derniers devoirs envers le monarque. L'heure est désormais aux funérailles du roi défunt.

Le 20 mai 1910, les londoniens se rassemblent dans les rues de la capitale pour rendre un dernier hommage à leur souverain qui ne régna que neuf années. Dans une procession pompeuse, le cercueil d'Edward VII se dirige vers la gare de Paddington pour être envoyé par train spécial jusqu'au château de Windsor. Ces funérailles sont alors l'occasion de rassembler les principaux monarques d'Europe. Huit d'entre eux répondirent présents pour soutenir George V dans cette épreuve : Guillaume II d'Allemagne, Haakon VII de Norvège, Manuel II de Portugal, Ferdinand Ier de Bulgarie, George Ier de Grèce, Albert Ier de Belgique, Alphonse XIII d'Espagne et Frédéric VIII de Danemark. Pour représenter le tsar Nicolas II de Russie, sa mère Dagmar de Danemark vient épauler sa soeur, Alexandra, épeurée face à la mort de son mari.

Guillaume II sut se mettre davantage en valeur lors de cette cérémonie qui se déroula en la chapelle Saint George de Windsor. Durant la procession qui suivie la dépouille de celui qui est à l'origine de la création de l'Entente cordiale, le Kaiser d'Allemagne se plaça aux côtés de son cousin anglais George V tout au long de la cérémonie. Au travers cette place idéale de l'empereur, les funérailles d'Edward VII permirent aux souverains de pays, déjà très rivaux, de se rassembler. A la suite de l'inhumation, un cliché regroupant la totalité des monarques présents fut pris au château de Windsor.

Les tensions européennes, dans un esprit de course à la conquête coloniale, une montée progressive du républicanisme, et une guerre de puissance politique, économique et sociale dans ce début du XXe siècle, sont intenses. Le Portugal voit le républicanisme progressé suite à l'assassinat du roi Don Carlos et son héritier Louis-Philippe, tandis qu'en Espagne, Alphonse XIII doit essuyer plusieurs tentatives d'assassinat par des anarchistes voulant mettre un terme à la monarchie des Bourbon. La Grèce voit elle aussi des courants anarchistes se développer, mettant en danger la vie de George Ier. Enfin, l'Allemagne, qui développe rapidement son économie, se veut de plus en plus menaçante envers le Royaume-Uni par une armée grandissante et en développement.

L'Europe est à crans. Pourtant, elle se rassemble une dernière fois, le temps d'une période de deuil pour un roi populaire et respecté. Le 5 octobre 1910, Manuel II dut abandonner son trône pour partir en exile en Angleterre. En 1913, George Ier de Grèce fut assassiné par un anarchiste. Le feu au poudre finit par prendre en 1914. Se déclare alors un conflit qui deviendra mondial, qui oppose des monarques ayant des liens familiaux étroits.

                                                                                                

Debout de gauche à droite : Haakon VII de Norvège, Ferdinand Ier de Bulgarie, Manuel II de Portugal, Guillaume II d'Allemagne, George Ier de Grèce, Albert Ier de Belgique. 
Assis de gauche à droite : Alphonse XIII d'Espagne, George V, Frederic VIII de Danemark.