Valéry Giscard d'Estaing et la Reine Elizabeth II

Le président français Valéry Giscard d’Estaing est décédé ce 2 décembre 2020 à l’âge vénérable de 94 ans. Celui que l’on aimait surnommer VGE à occuper le palais de l’Elysée pendant sept années à partir de 1974. Sept années durant lesquelles sa relation avec le Royaume-Uni n’a pas toujours été simple.

 

Resserrer les liens franco-britanniques

Lorsqu’il accède à la fonction suprême de l’Etat, le Royaume-Uni est entré dans l’Union européenne que depuis un an. Il lui faut à tout prix entériner plus de vingt années d’opposition de la France à l’avenir européen de l’Angleterre. L’Entente cordiale avait été quelque peu effritée.

Valéry Giscard d’Estaing a surtout en tête la construction européenne. Il crée par exemple le Conseil européen et met en place en 1978 le premier système monétaire européen, ancêtre de l’euro. Avant cela, en 1975, il réunit pour la première fois les cinq pays les plus industrialisés au château de Rambouillet. Le relais de chasse des présidents est un cadre bucolique pour accueillir les plus grands chefs d’Etat de la planète dans un contexte de guerre froide dont prend part le Royaume-Uni.

 

1976, le président presque couronné

Pour resserrer les liens entre le Royaume-Uni et la France, VGE sait que cela doit passer par la reine, symbole suprême de la nation britannique. En juin 1976, il s’envole avec son épouse Anne en direction de Londres. Le couple présidentiel est accueilli directement par Elizabeth II et le prince Philip à leur sortie de l’avion. Valéry Giscard d’Estaing voit un dîner d’Etat organisé au palais de Buckingham avec la présence de toute la noblesse anglaise. Le président est aux anges. Ce jeune chef d’Etat de 50 ans aime l’univers guindé de l’aristocratie britannique. Mais ce n’est pas au goût de la reine.

Elizabeth II n’apprécie guère ses attitudes snobes, se prenant presque pour un roi sans couronne. Mais elle sait qu’elle doit faire bonne figure. La diplomatie de son pays tient entre ses mains. Avant de quitter les îles britanniques, l’ambassadeur de France au Royaume-Uni lui demande ce qui pourrait lui faire plaisir. Sa réponse ? « Un chien de la chienne de la reine ». Il repart donc avec un rejeton des nombreux chiens de Windsor. Ce labrador noir du nom de Samba avait été éduqué en anglais, c’est donc en anglais que le président s’adressait à lui.

 

Valéry Giscard d'Estaing et le Royaume-Uni, je t'aime moi non plus

Un an plus tard, Giscard d’Estaing traverse à nouveau la Manche. Il se rend à la réunion des Etats membres de l’OTAN organisée cette année-là à Buckingham. Il aura ses mots plusieurs années après sa dernière visite au palais pour décrire le symbole de la monarchie britannique : « On est toujours éblouie par le luxe des salons de Buckingham. J’ai découvert qu’à Buckingham il y avait plus de mobilier français qu’il n’y en a à Versailles. ». La France partage les vœux de l’Angleterre. Tous deux souhaitent se rapprocher des Etats-Unis, première puissance mondiale, alors que le monde est divisé en deux en cette fin décennie 70.

Giscard d’Estaing n’oublie pas moins ses relations avec le Royaume-Uni. En 1979, c’est au tour du couple royal de poser ses valises en France. Il effectue une visite d’Etat marqué par un dîner officiel à l’Elysée. Mais là encore, la reine a du mal avec les manières du président. Il ose se faire servir en premier alors que le protocole veut que la souveraine soit la première en tout, étant son invitée. Quoi qu’il en soit, la popularité de la reine a traversé la Manche. Cette visite est un succès diplomatique qui permet de conclure un accord selon lequel les gouvernements des deux pays s’engagent à se rencontrer une fois par an. L’Entente cordiale renaît officiellement.

Valéry Giscard d’Estaing quitte son bureau de l’Elysée en 1981. Mais ses frasques avec le Royaume-Uni ne sont pas terminées. Il rencontre au château de Versailles la princesse Diana en 1994. On murmure aujourd’hui qu’une liaison est née entre eux. Une anecdote qui n’a pas manqué de faire couler de l’encre sur les terres d’Albion. Ce fut le dernier chapitre de l’histoire anglaise de Valéry Giscard d’Estaing. Au revoir président.