Alexandra de Danemark, reine-consort de beauté et de discrétion

Alexandra de Danemark reste l’une des reines-consorts les plus méconnues de Grande-Bretagne. Cette femme venue du nord de l’Europe, marqua pourtant le Royaume-Uni par ses goûts vestimentaires et sa beauté indiscutable.

 

Une jeunesse danoise princière

Alix, pour les intimes, naît le premier décembre 1844 à Copenhague. Fille aînée et second enfant de Christian IX de Danemark, elle est élevée au sein d’une famille soudée qui vit dans une relative modestie. Une fois son éducation achevée, elle devient une princesse idéale pour réaliser un mariage royal tant apprécié du gotha.

 

Le mariage victorien

Justement, en ce qui concerne le mariage, son père jeta son dévolu sur Edward, prince de Galles du Royaume-Uni et fils aîné de la reine Victoria. C’est ainsi que le 10 mars 1863 Alexandra épouse Edward en la chapelle Saint-Georges du château de Windsor.

Mais cette union est entachée par une situation politique complexe. En novembre de la même année, Christian IX accède au trône de Danemark. La Prusse de Guillaume Ier en profite alors pour annexer le Schleswig-Holstein, appartenant au Danemark. Cette agression prussienne envers le Danemark, voua en Alexandra une haine profonde contre les Prussiens. La reine Victoria était partagée sur l’opportunité de cette union étant donné le climat politique. Rappelons que la famille royale britannique était d’origine germanique. Marier son fils à des ennemis de la Prusse posait donc quelques problèmes à la veuve souveraine. Pour s’assurer de l’avantage de la présence d’Alexandra au sein de la famille royale, Victoria n’hésite pas à influencer autant que possible le couple princier, notamment en ce qui concerne le choix des prénoms des enfants du couple.

Dans les premiers temps de leur mariage, Alexandra et Edward étaient partagés entre Marlborough House à Londres, et Sandringham House, un manoir de briques rouges situé dans le Norfolk et acheté par Victoria pour le couple l’année de leur mariage. Ils menaient une vie de faste faite de soirées mondaines et de représentations de la Couronne. Leur premier fils, Albert-Victor de Clarence, naît le 8 janvier 1864. En huit années, Alexandra et Edward eurent pas moins de six enfants.

 

Un caractère idéal pour une princesse de Galles

Le caractère d’Alexandra plaît à Victoria. Il contraste de ceux des autres membres de la famille royale. Elle est toute entière vouée à ses enfants dont elle met un point d’honneur à élever convenablement, selon les souhaits de la reine. Très sportive, elle continue à pratiquer la danse et le patinage même après la naissance de ses enfants.

 

1867, l’année charnière

L’année 1867 marque un tournant dans la vie d’Alexandra. Elle est d’abord victime d’un accident qui lui donna des séquelles physiques indélébiles. L’une d’elle est une cicatrice sur le cou. Complexée, Alexandra fit tout pour la cacher au public. C’est ainsi que naît son style inimitable, mais tant repris par la suite, qui consiste à accumuler les bijoux sur de somptueuses robes pompeuses. Elle superposait ainsi de nombreux colliers de perles et de diamants, appelés « colliers de chiens » et conçus pour elle, autour de son cou pour rendre sa cicatrice invisible. De plus, suite à cet accident, elle se mit à boiter jusqu’aux derniers jours de sa vie. Lourdement vêtue et maquillée, Alexandra lance une mode. C’est également durant cette année que les symptômes d’une surdité héréditaire commencèrent à apparaître.

 

Edward et Alexandra, un couple à l’affront des tempêtes

Au cours des années, les relations conjugales entre Alexandra et Edward se dégradèrent. Edward, malgré son mariage, continua à accumuler les conquêtes féminines. Le nombre de ses maîtresses est incalculable mais certaines, de par leur renommée, restèrent connues. Par exemple, Jennie Jerome, épouse de Randolph Churchill et par ailleurs mère de Winston Churchill, fait partie de la liste des maîtresses edwardiennes. Pour autant, Alexandra sut toujours pardonner les écarts de son mari en faveur de ses devoirs et de sa vie de famille.

Le 14 janvier 1892, Alexandra doit faire face au plus grand drame de sa vie : la mort de son fils aîné. Albert Victor de Clarence, qui avait été soupçonné d’avoir été le célèbre tueur Jack l’Eventreur en 1888, meurt d’une pneumonie à l’âge de 28 ans à Sandringham. Profondément touchée, Alexandra s’enferme dans une profonde dépression. Elle interdit toutes personnes de toucher ou déplacer ses affaires pour les laisser telles qu’elles ont été déposées par le prince.

 

Alexandra, reine-consort du Royaume-Uni

La reine Victoria meurt le 22 janvier 1901. Edward monte donc sur le trône sous le nom d’Edward VII. Edward et Alexandra sont couronnés en l’Abbaye de Westminster roi et reine du Royaume-Uni ainsi qu’empereur et impératrice des Indes le 9 août 1902. Durant son règne, Alexandra s’associe à de nombreuses œuvres de charité. Elle crée même le Corps soignant de la reine Alexandra durant la guerre des Boers pour venir en aide aux soldats blessés.

Cependant, les relations entre Alexandra et sa famille n’étaient pas toujours très fluides. Si Guillaume II d’Allemagne était son neveu par alliance, elle ne réussit jamais à entretenir de bonnes relations avec lui. Son sentiment antigermanique était beaucoup trop fort pour réussir à apprécier le souverain du pays qui avait substitué une partie du territoire danois. Soutenue par son mari sur ce point, ces relations brouillées n’arrangèrent pas les tensions qui existaient entre le Royaume-Uni et l’Allemagne. C’est ainsi que les deux pays entrèrent en guerre en 1914.

 

Une reine-douairière retirée mais influente

Le 6 mai 1910, Edward VII meurt dans sa chambre de Buckingham Palace. Alexandra se place alors comme un soutien indispensable pour son fils qui lui succède sous le nom de George V. Durant la Première Guerre mondiale, elle influença d’ailleurs son fils pour apporter son aide envers sa sœur, impératrice-douairière de Russie. L’impératrice Dagmar, qui avait épousé Alexandre III, était menacée de mort suite à la Révolution russe. George V refusa d’accorder l’asile à son cousin Nicolas II mais par l’insistance d’Alexandra il accepta d’envoyer un navire à Odessa pour rapatrier sa tante en Angleterre, puis au Danemark où elle finit sa vie.

A la fin de la guerre, Alexandra se retira progressivement de la vie publique. Sa famille était à ses yeux ce qui était le plus important. Elle meurt dans sa résidence favorite de Sandringham le 20 novembre 1925 à l’âge de 80 ans. Sa dépouille est alors inhumée dans la chapelle Saint-Georges de Windsor aux côtés de son époux disparu quinze ans plus tôt. Alexandra se retire définitivement du monde après avoir marqué réellement son royaume d’adoption par son style unique, sa beauté, sa générosité et sa discrétion.