Diana, l'éternelle princesse des coeurs

Icône de toute une époque, Diana représente un idéal, celui d’un destin princier mais au combien tragique. Princesse des cœurs, princesse d’un peuple, princesse des plus démunis, Diana est surtout une mère qui a fait passer ses enfants avant toute chose. En somme, Diana est plurielle. L’heure est venue de déchiffrer la complexité de cette princesse adulée et adorée par beaucoup.

 

« J’aurais voulu un garçon ! »

Diana Spencer naît le premier juillet 1961 près de la demeure royale de Sandringham. Sa famille est loin d’être inconnue des Britanniques. Elle n’est pas moins que l’une des plus anciennes familles aristocratiques anglaises. Son ascendance est illustre. Et pour cause, par son père, elle descend du roi d’Angleterre Charles II, mais aussi des rois de France Hugues Capet, Saint Louis, ou encore Henri IV. La célèbre duchesse de Devonshire Georgiana Cavendish à la beauté sans pareil compte parmi les ancêtres de Diana. En grandissant, la jeune fille montrera elle aussi une beauté exquise qui fera tant couler d’encre.

Son père, Edward Spencer, est le huitième comte Spencer. Son titre et sa fortune ne peuvent être transmis à une fille. Il lui faut un garçon. Son épouse Frances Burke-Roche lui a déjà donné deux filles lorsqu’elle tombe enceinte à la fin de l’année 1960. Lorsqu’elle donne naissance à Diana, c’est une réelle déception pour Edward. Affligé, il se dit que l’avenir de son patrimoine est en train de disparaître. Edward a du mal à cacher sa déception. Diana grandit avec ce désamour paternel qui pèse sur sa conscience d’enfant et sa personnalité qui se construit.

 

Les malheurs de Diana

Trois ans plus tard, finalement sa mère donne naissance à un fils prénommé Charles. Diana grandit entourée de ses sœurs et de son frère avec qui elle lie une étroite relation. L’amour règne entre les enfants Spencer. Mais ce n’est pas le cas du couple comtal. La comtesse Spencer entretient une relation extraconjugale avec Peter Shand-Kydd. Le comte est furieux lorsqu’il apprend l’adultère de sa femme. Diana n’a que 8 ans lorsqu’elle voit ses parents se déchirer avant de divorcer. Toute sa vie, elle gardera en mémoire la relation conflictuelle qui régnait entre ses parents.

Elle manque cruellement de la présence de sa mère. Pourtant, Edward Spencer trouve rapidement une nouvelle épouse. En 1976, il épouse la fille unique de la romancière Barbara Cartland, Raine McCorquodale. Mais Diana a du mal à accepter la présence de cette femme au sein du clan Spencer et ne lui cache pas. Diana ne demeure pas moins une petite fille aristocrate comme les autres. Malgré un parcours scolaire médiocre, elle rêve de devenir danseuse de ballet.

Très jeune, Diana montre des besoins de libertés, d’indépendance. En 1978, elle part vivre à Londres où elle cumule les petits boulots. Elle trouve finalement un poste de nourrice dans une famille américaine. Elle aime la compagnie des enfants. Elle se découvre un don, une sorte de magnétisme qui fascine et qui attire tous les individus qui l’approchent. Par un regard et une parole, elle apaise. Ce qui fonctionne avec les enfants, fonctionnera avec les adultes. En 1979, elle commence à travailler dans un jardin d’enfants. S’ouvre alors une nouvelle période pour Diana qui changera à jamais sa vie.

 

Diana, princesse de Galles idéale

En 1980, le prince Charles a 32 ans. L’héritier de la Couronne est pourtant toujours un cœur à prendre. Il cumule les aventures tout en demeurant le prince le plus couru d’Angleterre. Charmant et sportif, il apparaît au bras de nombreuses jeunes aristocrates britanniques. Pour Elizabeth II et le prince Philip, la question du mariage du prince de Galles est devenue centrale. Mais quelle jeune fille conviendra parfaitement pour devenir une future reine-consort ?

Pour occuper une telle charge, la jeune fille doit être britannique, anglicane, aristocrate mais aussi vierge. En plus de tout cela, elle ne doit pas avoir un passé trouble qui risquerait de la décrédibiliser. La future reine doit forcément répondre à toutes ces exigences. A cette époque, la grand-mère paternelle de Diana, Lady Cynthia Spencer, est l’une des dames de compagnie de Queen Mum. Cynthia propose alors à la reine-mère de présenter sa petite-fille au prince Charles.

Diana est la candidate idéale pour épouser le prince de Galles, bien qu’ils aient douze années d’écart. Ils se rencontrent qu’une dizaine de fois et Charles hésite à épouser Diana. Il reste amoureux de Camilla Parker Bowles, avec qui il n’a jamais cessé sa relation. Mais il reçoit une lettre du prince Philip qui le presse à se décider. Charles interprète cette lettre comme un ordre. C’est décidé, il épousera Diana.

 

Le mariage du siècle

Voilà plus d’un siècle qu’un prince de Galles ne s’était marié. Un tel événement se devait d’être des plus somptueux. L’union entre Diana et Charles a lieu le 29 juillet 1981 en la cathédrale Saint-Paul de Londres, la plus vaste de la capitale. Pour l’occasion, pas moins de 30 000 personnes ont été invitées dont toutes les têtes couronnées d’Europe, hormis le roi d’Espagne pour raisons politiques. Le mariage est retransmis en direct à la télévision devant plus de 750 millions de téléspectateurs. C’est tout simplement le grand rendez-vous du gotha de l’année, en plus d’être l’événement le plus scruté par le monde.

Diana apparaît vêtue d’une splendide robe signée Elizabeth Emmanuel dont la traîne mesure plus de huit mètres de long. Au bras de son père, elle avance dans la longue nef de la cathédrale pour prononcer un timide « oui je le veux » à l’archevêque de Canterbury. La cérémonie terminée, le couple princier se présente au balcon de Buckingham devant une foule enthousiaste. Sur ce balcon, ils font naître une nouvelle tradition britannique en échangeant un baiser. Le mariage du siècle est une immense réussite et envisage le plus beau des avenirs pour la monarchie.

 

Diana, star de Buckingham

Diana et Charles ne tardent pas à avoir leur premier enfant. En 1982 naît le prince William, puis deux ans plus tard, vient au monde le prince Henry surnommé Harry. La reine et le prince Philip sont extrêmement satisfaits par cette union. Diana est la troisième femme la plus importante du pays après la reine et la reine-mère. Sa position n’est pas son seul atout.

Elle est très rapidement populaire. Sa beauté et sa sympathie lui offrent l’admiration du monde. Si elle est timide en public au départ, elle impose sa propre signature. En cela, elle apparaît dans un style vestimentaire toujours plus osé, totalement à l’encontre du protocole. En somme, plus qu’une princesse, Diana se prend pour une star de cinéma. Jamais un membre de la famille royale n’avait été aussi adulé avant elle. Elle finit même par surpasser la popularité de son époux qui demeure pourtant le futur roi du Royaume-Uni.

 

Une citadine dans une prison dorée

Diana aime la vie londonienne et ses plaisirs. Elle fréquente les grandes stars de son époque comme Freddy Mercury ou encore Elton John. Alors qu’elle aime la mode, danser et être vue, leprince Charles aime la campagne, se retirer dans ses demeures à l’abris des regards, les merveilles de la planète et la politique. En somme, tout oppose le couple princier.

Diana est certes une aristocrate, elle n’a jamais réussi à s’habituer au protocole des palais royaux. Pour elle, il lui est insupportable de respecter toutes ces règles qu’elle considère comme des freins à sa liberté. Devenue boulimique, elle tente plusieurs fois de se suicider. Pour l’aider, elle se tourne vers la reine. Mais par son éducation, Elizabeth II n’a jamais pu comprendre que l’on exprime ainsi ses sentiments. Pour elle, tout doit être caché. Diana se sent seule, d’autant que le prince Charles a continué à voir Camilla Parker Bowles, son amour de toujours. La reine pensait que, comme toutes les femmes membres de la famille royale d’antan, elle aurait fermé les yeux sur l’infidélité du prince de Galles. Mais Diana est bien décidée à se venger.

 

Charles et Diana, la guerre des Galles

Charles et Diana finissent par s’accuser mutuellement d’infidélités par coup d’articles de presse interposés. Alors que Charles continue son idylle avec Camilla, Diana accumule les amants comme avec son moniteur d’équitation James Hewitt. Le couple n’a plus aucune issue. Ils se séparent le 9 décembre 1992.

Diana va jusqu’à critiquer publiquement les capacités de Charles à régner. S’en est trop pour Elizabeth II qui ordonne au couple de divorcer. Le divorce est prononcé le 28 août 1996. Diana garde son titre de princesse de Galles mais perd celui d’Altesse royale. Elle reçoit une indemnité de plus de 17 millions de livres, une pension, et garde son appartement du palais de Kensington.

 

La princesse libérée

Diana entame alors une idylle avec le chirurgien pakistanais Hasnat Khan en 1995. Ce n’est qu’une fois divorcée qu’elle semble jouer réellement son rôle de princesse. Elle va à la rencontre des plus démunis et soutient de nombreuses causes humanitaires. C’est l’une des premières personnalités à rencontrer des malades du Sida, un virus encore inconnu à l’époque, ou encore à visiter les victimes des mines antipersonnel en Angola. Elle n’hésite pas à utiliser les paparazzis et les journalistes pour tourner l’opinion publique en sa faveur plutôt que celle de la famille royale. Le livre d’Andrew Morton, Diana, her true life, a été écrit dans ce sens avec la collaboration de la princesse.

Hasnat Khan ne voulait pas faire la une des magazines en officialisant sa relation avec Diana. Il met finalement fin à leur romance en 1997. Diana ne tarde pas à se blottir dans les bras d’un autre amant. Cette fois, c’est avec Dodi Al-Fayed, le fils d’un milliardaire égyptien, qu’elle s’affiche devant les objectifs des paparazzis.

 

Une mort tragique pour une princesse de légende

Le 30 août 1997, Diana se rend à Paris passer quelques jours avec Dodi Al-Fayed. Ils se reposent dans l’hôtel particulier de Dodi situé rue Arsène-Houssaye. Mais la présence des paparazzis devant leurs portes irrite la princesse. Ils partent dîner au Ritz, place Vendôme. Les paparazzis n’ont pas hésité à les suivre et envahissent les entrées du palace. Finalement, pour une raison obscure, ils décident de quitter le Ritz pour une destination inconnue. Ils passent par une sortie discrète pour rentrer dans un Mercedes conduite par Henri Paul, directeur de la sécurité du Ritz. Le garde du corps Trevor Rees-Jones est sur le siège passager. Quelques paparazzis ne se laissent pas démonter et suivent la voiture qui accélère jusqu’à 155km/h dans les rues parisiennes pour tenter de les semer. La voiture finit par heurter le treizième pilier du tunnel de l’Alma. Le choc est d’une violence inouïe.

Le chauffeur et Dodi Al-Fayed meurent sur le coup. Le garde du corps, grièvement blessé, réussit malgré tout à survivre. Quant à la princesse, elle est dégagée de l’épave encore vivante pour être transportée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il est 4h25 du matin, lorsque la princesse rend son dernier souffle.

 

Goodbye England’s rose

Elizabeth II et les siens sont à Balmoral en Ecosse à ce moment-là. Le prince Charles a la charge d’annoncer la nouvelle à ses enfants âgés de 15 et 13 ans. Diana laisse des enfants perdus qui auront du mal à se remettre à un tel choc émotionnel. Le monde pleure la princesse, au point qu’un océan de fleurs s’écoule devant les palais de Kensington et de Buckingham. La planète entière s’enfonce dans une mer de larmes.

Pour la reine, il faut avant tout protéger ses petits-fils de l’engouement médiatique. Elle ferme les portes de Balmoral et fait retirer toutes les télévisions et les radios de son domaine. Elle refuse toute allocution publique ou même de retourner à Buckingham. Les Britanniques ne comprennent pas le silence royal et commence à critiquer la Couronne. Il faut tous les efforts du Premier Ministre Tony Blair après quatre jours de luttes contre la souveraine pour qu’elle se décide à revenir à Londres.

La reine accepte même d’organiser des funérailles nationales où un parterre de stars internationales s’installe dans l’abbaye de Westminster. Alors que le cercueil de Diana passe devant les grilles de Buckingham, la reine s’incline respectueusement. Le geste est fort et restera exceptionnel au cours de ses 68 années de règne. Plus qu’une inclinaison de tête, Elizabeth II va jusqu’à prononcer une allocution depuis le palais de Buckingham où elle reconnaît les qualités de mères et de femmes de Diana. Les funérailles de Diana sont suivies par des millions de téléspectateurs avant de voir la dépouille de la princesse inhumée en privé à Althrop, le domaine historique des Spencer.

 
Sa splendeur, son regard envoûtant, son sourire ravageur, restent ancrés dans nos esprits. Elle aimait la vie, mais la vie se voyait courte pour cette princesse au cœur tendre. Sa bonté, bien plus que son rang, lui vaut une reconnaissance inébranlable de la part d'un peuple amoureux et bien plus encore, par un monde souffrant en quête de consolation. Par son esprit révolutionnaire, Diana a su marquer à sa manière son passage dans la famille royale britannique. Grâce à elle, Elizabeth II a compris que cette institution vieillissante ancrée dans une vision qui n'était plus dans l'aire du temps devait évoluer pour se moderniser et se mettre en phase avec la société britannique.

C'est l'image d'une mère aimante et attentive qui reste associée à la personnalité de Diana. William et Harry étaient toute sa vie. Avant même sa position de Princesse de Galles, c'est son rôle de mère qui avait une immense importance à ses yeux. Ses deux fils conservent son souvenir en perpétuant ses combats caritatifs.

Bien plus que la princesse du peuple, Diana reste et restera cette rose éternelle venue d'Angleterre qui symbolise à elle seule toute une époque.