Elizabeth II et les présidents américains

Alors que l’Amérique se déchire pour élire son nouveau chef, il en est un qui a vu se succéder tous les présidents américains depuis près de 70 ans. Elizabeth II a connu pas moins de 12 présidents des Etats-Unis. Avec eux, elle a su tisser des liens étroits bénéfiques à la diplomatie britannique. Au-dessus de la politique, elle a su tisser des liens avec chacun. Mais ces affinités n’ont pas toujours été identiques selon leur personnalité. Découvrez l’histoire américaine d’Elizabeth II.

 

Harry S. Truman

Elizabeth n’est encore que princesse héritière lorsqu’elle rencontre pour la première fois un président américain. Nous sommes en 1951. A cette date, le locataire de la Maison Blanche n’est autre que Harry S. Truman. A ce moment-là, le roi George VI est malade. Il est dans l’incapacité de voyager aussi loin et aussi longtemps. C’est donc à sa fille aînée que revient la charge de le représenter aux quatre coins du globe. Elizabeth établie donc un voyage officiel à Washington D. C. en tant que digne représentante de son père. Ce voyage permet d’officialiser l’alliance entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis dans cette période d’après-guerre. Elizabeth lance alors à Truman, « Partout dans le monde, les hommes libres regardent les Etats-Unis avec affection et espoir ».

 

Dwight D. Eisenhower

Avec cette rencontre, l’histoire d’amour entre l’Amérique et l’Angleterre d’Elizabeth II est née. En 1959, voilà sept ans qu’Elizabeth II est montée sur le trône de Saint-Edward. Le nouveau chef américain n’est autre que Dwight D. Eisenhower, un général américain qui avait entre autre dirigé les troupes alliées lors du débarquement de Normandie. A la suite de cette visite, Elizabeth II et Eisenhower lient une profonde amitié, à tel point qu’elle l’invite à son tour sur ses terres de Balmoral quelques mois plus tard. Durant toute la vie du président, ils n’ont cessé de s’échanger des lettres amicales.

 

John F. Kennedy

En 1961, le plus médiatique des présidents venus du pays de l’Oncle Sam accomplie sa seule visite au Royaume-Uni. Il s’agit bien-sûr de John Fritzgerald Kennedy et de son épouse Jackie. Après l’Angleterre, le jeune couple présidentiel populaire se rend en France. Mais avant l’heure, Elizabeth II leur organise une réception fastueuse au palais de Buckingham. Le charisme de la Première Dame est tel que la reine se serait effacée en sa présence. Néanmoins, elle lie aussi avec JFK une amitié épistolaire jusqu’à sa mort tragique. Son assassinat en 1963 touche profondément Elizabeth II qui fait ériger un mémorial et met en place un fond de bourses d’études en l’honneur du président défunt.

 

Lyndon B. Johnson

Kennedy est aussitôt remplacé par son vice-président Lyndon B. Johnson. Mais ce nouveau président texan au fort caractère n’a pas le plaisir de rencontrer la reine. Et pour cause, il n’aime pas les Britanniques et voudrait mettre un terme aux relations diplomatiques entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. A sa place, Elizabeth II préfère envoyer sa sœur Margaret établir un voyage officiel en son nom en 1965 pour réconcilier les deux pays, ce que la princesse accomplie avec bonheur.

 

Richard Nixon

Pendant ses cinq années de mandat, Richard Nixon rencontre deux fois la reine. Il fait un premier voyage d’Etat en Grande-Bretagne en 1969 puis un second en 1970. Le prince Charles et la princesse Anne effectuent même une visite d’Etat aux Etats-Unis entre les deux voyages de Nixon.

 

Gerald Ford

Le successeur de Nixon, Gerald Ford, rencontre lui aussi la reine d’Angleterre. Il l’invite à se rendre à la Maison Blanche en 1976. Le président organise un bal en son honneur. Il a le privilège ultime d’être le seul président américain à avoir été son cavalier.

 

Jimmy Carter

Un an après la visite américaine d’Elizabeth II, c’est au tour de Jimmy Carter d’être reçu à Buckingham. En 1977, il fait sa première visite d’Etat en tant que président en assistant à une réunion de l’OTAN à Londres. Mais Carter est à l’origine d’un faux-pas qui devient vite célèbre. Il refuse de s’incliner devant elle, préférant une embrassade peu protocolaire. La reine attachée au protocole, garde une rancune tenace face à cet acte et ne gardera jamais contact avec lui.

 

Ronald Reagan

Ronald Reagan est bien le président de cœur d’Elizabeth II. La reine et l’ancien acteur hollywoodien partage une passion commune : l’équitation. En 1983, Reagan va donc lui faire visiter son ranch familial. A Windsor, la reine s’entretient avec lui lors de longues promenades à cheval. Au total, les deux amis se rencontrent à quatre reprises. Jamais un chef d’Etat n’avait autant fait rire la reine et ne s’était aussi rapproché d’elle que Reagan.

 

George H. W. Bush

George H. W. Bush est un grand admirateur de baseball. C’est donc tout naturellement qu’il invite la reine et le prince Philip à assister à un match des Baltimore Orioles en 1991. C’est une première pour Elizabeth II. A sa mort en 2018, elle salue sa mémoire en le qualifiant d’un « grand ami et allié du Royaume-Uni ».

 

Bill Clinton

Elle rencontre ensuite Bill et Hilary Clinton à deux reprises. La première fois est en 1995 lorsque le couple fait une visite d’Etat au Royaume-Uni. Leur bonne entente, malgré les frasques du président, permet de réitérer l’expérience en 2000. Cette fois c’est au tour du couple royal d’être accueilli à la Maison Blanche. Bill Clinton l’a décrit ces expériences ainsi dans ses mémoires « Sa Majesté m'a impressionné comme quelqu'un qui, sans les circonstances de sa naissance, aurait pu devenir un politicien ou un diplomate à succès. En fait, elle devait être les deux, sans avoir l'air de l'être non plus ».

 

George W. Bush

En 2007, Elizabeth II pose de nouveau les pieds sur le sol américain pour faire la rencontre du président George W. Bush. Victime d’un lapsus, le président vieilli la reine de 200 ans. Il confie alors « elle m’a lancé un regard que seule une mère pouvait donner à son fils ». Quant à la reine, elle réagit avec humour le lendemain en commençant son discours ainsi « Je me suis demandée si je devrais commencer ce toast en disant : ‘quand j’étais ici en 1776…’ ». Non rancunière, la reine l’invite à son tour au château de Windsor l’année suivante.

 

Barack Obama

En 2009, Elizabeth II accueille le tout premier président noir américain Barack Obama. Accompagné de son épouse Michelle, cette dernière commet un impaire très critiqué outre-Manche. Elle fait une accolade à la reine, or on ne touche pas la souveraine si ce n’est pour lui serrer la main. A cette occasion, le président offre à la reine un iPad contenant des images historiques de ses précédentes visites aux Etats-Unis. Le couple présidentiel et le couple royal se rencontrent à nouveau en 2011 et en 2016. Lors de cette dernière visite des Obama à Windsor, Elizabeth II et le duc d’Edimbourg viennent directement à leur rencontre au pied de leur hélicoptère. Enfin, la même année, les Obama défient les Britanniques à l’occasion des Invictus Games dans une vidéo touchante tournée avec la reine et le prince Harry.

 

Donald Trump

Alors que la reine reste politiquement neutre, Donald Trump n'hésite pas à faire l'éloge de la souveraine. "Pendant tant d'années, elle a représenté son pays. Elle est juste une femme incroyable." Accueilli sous les ors du château de Windsor et du palais de Buckingham malgré l’opposition britannique, le président se joint à la souveraine pour commémorer le 75e anniversaire du débarquement de Normandie en juin 2019. Mais Donald Trump ne peut pas s’empêcher une nouvelle gaffe, lui qui est si peu attaché aux convenances. Alors qu’il passe en revue les troupes britanniques avec la reine, il passe devant elle, désorientant ainsi Elizabeth II qui ne savait plus où se mettre. Un manquement que la presse britannique n’a pas hésité à relever abondement.

 

Joe Biden

En juin 2021, la reine reçoit Joe et Jill Biden pour le thé au château de Windsor. Elizabeth II tenait à rencontrer le nouveau couple présidentiel américain avant qu'il ne s'envole pour Bruxelles participer au G7. Au moment du décès de la souveraine, le président n'hésite pas à traverser la Manche en personne pour assister à ses funérailles d'Etat. Il lui rend aussi un vibrant hommage dans un communiqué qui met l'accent sur la vie extraordinaire d'une souveraine qui a "marqué une époque". Avec ce communiqué, Joe Biden met un point final à l'amitié entre la reine les présidents américains.