Ils auraient dû régner sur l'Angeleterre

Ils auraient dû régner sur le Royaume-Uni. Partez à la découverte des destins tragiques de princes et princesses qui étaient d’abord destinés à devenir des monarques britanniques. Mais la mort les a fait tomber dans l’oubli.

 

Edward de Woodstock, fils du roi Edward III

Edward III est sur le trône d’Angleterre depuis 3 ans seulement lorsque son épouse Philippa de Hainaut donne naissance à un fils le 15 juin 1330 au château de Woodstock, près d’Oxford. Edward III ne néglige pas l’éducation de son fils qu’il confie à des précepteurs de renom.

Il commence ses faits d’armes en 1346. Il débarque en Normandie aux côtés de son père et participe à la bataille de Crécy. Après la bataille, Edward de Woodstock commence à porter une armure de couleur noire. Le prince noir est né.

Le prince de Galles est réputé pour sa sévérité. Grand combatant, il est craint par ses ennemis. Il n’hésite pas à mater toutes les révoltes sur les Îles britanniques. Alors que la guerre de Cent Ans débute en 1337, Edward III voulant défendre ses prétentions sur le royaume de France, le prince noir part sur le continent combattre l’ennemi français notamment à la bataille de Poitiers en 1356 où il capture le roi Jean II le Bon.

En 1355 et 1356, Edward de Woodstock effectue ses célèbres chevauchées en Aquitaine pour reprendre des terres au roi de France et pour consolider la présence anglaise sur le continent. Pour le récompenser, Edward III lui offre la Guyenne en 1362.

En plus de sa réputation de chevalier sanguinaire, le prince noir entretient une cour fastueuse qui le suit dans ses périples. Il retourne définitvement en Angleterre en 1371 et laisse son frère Jean de Gand duc de Lancastre diriger l’Aquitaine. Mais le prince meurt en 1376 d’hydropisie, un an seulement avant Edward III. Son fils Richard devient le nouvel héritier. Mais il n’a pas le charisme de son père et doit régner dans une période de grande instailité pour l’Angleterre dans le cadre de la guerre de Cent Ans.

 

Edward de Westminster, fils unique du roi Henri VI

Edward de Westminster naît en 1453 à un moment catastrophique du règne de son père Henri VI. Il sort vaincu de la guerre de Cent Ans et est psychologiquement atteint par cette défaite. Il ne réagit pas lorsque son fils unique naît.

Une régence est proclamée et dirigée par le cousin du roi le duc d’York en mars 1454. Le roi retrouve ses esprits à Noël et reconnaît officiellement son fils comme héritier. Mécontent d’avoir été écarté du conseil d’Etat, le duc d’York se révolte contre son cousin avec ses partisans. Il réussit à prendre en embuscade le convoi royal à Saint Albans en mai 1455. Le roi est blessé au cou et retombe dans la folie. Ainsi naît la guerre des Deux Roses entre les partisans la Maison York et ceux de la Maison de Lancastre.

Le 10 juillet 1460 à la bataille de Northampton, Henri VI est capturé par les York. Pour être libéré, il signe l’Acte d’Accord qui déshérite Edward de Westminster. Sa mère Marguerite d’Anjou refuse cette décision et s’enfuit en Ecosse avec son fils. Il est alors fiancé à Marguerite Stuart. En 1461, Henri VI est destitué par Edward IV. Edward de Westminster et sa mère se réfugient ensuite en France, terre natale de Marguerite d’Anjou, en 1464. Ils organisent le sauvetage de Henri VI enfermé à la Tour de Londres et son retour sur le trône. La restauration de Henri VI a lieu le 3 octobre 1470. Marguerite d’Anjou et son fils rentrent alors en Angleterre.

Mais Edward IV n’a pas dit son dernier mot. Il continue à livrer bataille avec ses partisans. Il rencontre l’armée lancastrienne à Tewkesbury le 4 mai 1471. Le prince Edward de Westminster prend part au combat. Edward IV est le grand vainqueur de la bataille. Edward de Westminster est tué lors de la déroute de son armée. Sa mort affaibli le parti des Lancastre. Edward IV retrouve alors son trône pour près de 12 années.

 

Edward de Middleham, fils du roi Richard III

Edward de Middleham est le fils unique de Richard III né vers 1473. Richard est le frère cadet du roi Edward IV d’York. Le jeune prince reste quasiment toute son enfance au château de Middleham, près d’York, appartenant à son grand-père paternel. Il est fait comte de Salisbury en 1478 après l’exécution de son oncle George de Clarence pour haute trahison.

En juin 1483, Richard III s’empare du trône en évinçant Edward V et son frère, qui meurent, probablement exécutés à la Tour de Londres. Edward de Middleham a une santé fragile. Il n’assiste donc pas au couronnement de ses parents. Il est officiellement déclaré héritier de la Couronne lors de la seule convocation du Parlement du règne de Richard III le 23 janvier 1484.

Quelques semaines après cette proclamation, Edward tombe malade. Il meurt le 9 avril 1484 à Middleham à seulement 11 ans. Cette disparition est un désastre pour Richard III. Monarque contesté pour son implication dans l’affaire des Princes de la Tour, Richard III se voit désormais sans aucun héritier. En plus de cela, son épouse meurt elle aussi de maladie un an plus tard. Seul contre tous, il doit désormais combattre les prétentions de Henri Tudor.

 

Arthur Tudor, fils du roi Henri VII

Henri VII Tudor met fin à la guerre des Deux Roses qui avait vu s’affronter les Lancastre et les York pendant trente ans. Il monte sur le trône en 1485 après sa victoire sur Richard III à la bataille de Bosworth.

Pour légitimer sa position, Henri VII charge des généalogistes de prouver son ascendance illustre jusqu’aux anciens rois britanniques. Le légendaire roi Arthur trouve alors sa place au cœur de la politique du monarque Tudor. Le 20 septembre 1486, son épouse Elizabeth d’York donne naissance à un garçon. Son prénom est tout trouver : Arthur.

En 1489, Henri VII signe un traité avec l’Espagne nouvellement unifiée pour s’allier au royaume catholique contre la France. Une des clauses du traité prévoir le mariage du prince Arthur avec l’infante Catherine d’Aragon. Les négociations durent des années, Isabelle et Ferdinand d’Espagne n’étant pas pressés de voir partir leur fille cadette.

Arthur reçoit une éducation soignée alors qu’il est titré Prince de Galles. Il entretient une relation épistolaire avec sa fiancée pendant deux ans. Catherine arrive en Angleterre en octobre 1501. Ils s’unissent en la cathédrale Saint-Paul le 14 novembre de la même année.

Aussitôt marié, le couple part pour le château de Ludlow, sa résidence officielle au Pays de Galles. Il préside alors le conseil du Pays de Galles qui permet d’allier la noblesse locale à la Couronne anglaise. Mais au début de l’année 1502, Arthur et Catherine tombent malade. Personne ne connait le mal qui les habite. Si Catherine s’en remet, il n’en va pas de même du prince Arthur. Il succombe le 2 avril.

Son frère cadet Henri, qui devait initialement entrer dans les ordres, devient le nouvel héritier. Pour garder la dote de Catherine, on s’arrange pour que la non consommation de son mariage avec Arthur soit prouvée. Une fois fait, elle épouse en secondes noces le futur Henri VIII.

 

Henri de Galles, fils du roi Jacques Ier

Jacques VI Stuart est roi d’Ecosse depuis 27 ans lorsque son épouse Anne de Danemark donne naissance à un fils le 19 février 1594 au château de Stirling qu’elle prénomme Henri-Frédéric. L’héritier de la couronne écossaise est confié au comte de Mar qui lui offre une éducation protestante.

En 1603, Jacques VI succède à sa cousine Elizabeth Ire sur le trône d’Angleterre. Désormais connu sous le nom de Jacques Ier, le roi titre son fils aîné Prince de Galles. Pour renforcer son pouvoir, Jacques Ier sait qu’il doit renflouer les caisses de la Couronne qui sont vides. Le roi veut aussi préserver la paix avec l’Espagne catholique. Il songe alors à marier Henri à l’infante d’Espagne Anne d’Autriche. Henri refuse une union avec une princesse catholique qu’il traite de « papiste ». Philippe III d’Espagne renonce donc à ce projet et marie sa fille à Louis XIII.

L’avenir de la Couronne repose en Henri. Mais le jeune homme est de santé fragile. Il est atteint d’une fièvre typhoïde en 1612. Le 6 novembre, il rend son dernier souffle à l’âge de 18 ans. C’est à son frère cadet Charles, qui deviendra le malheureux roi Charles Ier, que repose désormais le poids de la Couronne.

 

Jacques François Stuart, fils du roi Jacques II

Jacques II est un roi catholique qui voit en la monarchie absolue de droit divin française un modèle. Il tente d’implanter le régime en son royaume mais au mécontentement de l’aristocratie protestante. Le roi a épousé en secondes noces Marie de Modène en 1673. Les Britanniques craignent qu’avec ce mariage naisse une nouvelle dynastie catholique sur le trône. Le 10 juin 1688, la reine donne naissance à un fils prénommé Jacques François et qui est titré prince de Galles. C’est de trop pour la noblesse anglaise qui part demander secours à la fille aînée protestante de Jacques II, Marie, et son époux Guillaume d’Orange-Nassau.

Le roi et sa famille partent se réfugier en France auprès de leur cousin Louis XIV en décembre 1688. Depuis Saint-Germain-en-Laye s’organise désormais la prétention des Stuarts sur le trône britannique.

A la mort de son père en 1701, Jacques François reprend le flambeau de la prétention jacobite. Soutenu par Louis XIV malgré la signature du traité de Ryswick en 1697 qui reconnait officiellement Marie II et Guillaume III comme seuls souverains légitimes de Grande-Bretagne, Jacques François tente un débarquement en Ecosse en 1708. Cinq ans plus tard, Louis XIV reconnait la loi de succession britannique et oblige Jacques François à quitter la France.

Il se réfugie à Bar-le-Duc et tente à deux reprises de débarquer en Ecosse et de retrouver son trône, mais en vain. En 1716, il s’installe en Avignon, alors territoire pontifical, avant de partir s’installer en Italie. Il tente encore une fois de récupérer sa couronne en 1719 et en 1745 mais sans succès. Il meurt le 1er janvier 1766 au palais Balestra à Rome que lui avait offert le pape.

 

Guillaume de Danemark et de Norvège, fils unique de la reine Anne

Anne est la seconde fille du roi Jacques II. Sa sœur aînée Marie, récupère la couronne pour sa personne et celle de son époux Guillaume d’Orange-Nassau en 1688 à la suite de la Glorieuse Révolution. Depuis la France naît la prétention jacobite.

Anne avait été mariée en 1683 au prince George de Danemark et de Norvège. Anne donne naissance à plusieurs enfants qui sont mort-nés ou qui meurent quelques jours après leur naissance. Finalement, en 1689, elle donne naissance à un fils qu’elle prénomme Guillaume. Puisque Marie II et Guillaume III n’arrivent pas à avoir d’enfants, tout l’avenir de la dynastie Stuart repose sur les épaules de ce petit garçon qui est titré duc de Gloucester.

Mais la santé du petit prince reste fragile. Quelques jours après son onzième anniversaire, il tombe malade. Ses médecins décèlent la variole. Le 30 juillet 1700, Guillaume rend son dernier souffle au château de Windsor. Son décès entraine une crise de succession. Pour écarter la prétention jacobite, le Parlement vote l’Acte d’établissement un an plus tard qui interdit à tout catholique d’accéder au trône britannique. C’est ainsi qu’à la mort sans enfants vivants de la reine Anne en 1714, le trône britannique passe aux mains de la Maison de Hanovre.

 

Frédéric de Galles, fils du roi George II

George II succède à son père en 1727. Il hérite d’une Couronne instable. Et pour cause, la Maison de Hanovre a hérité du trône grâce à l’éviction des Stuart catholiques. La prétention jacobite pèse sur la Couronne britannique. Avant même que sa famille accède au trône de Saint-Edward, Frédéric voit le jour le 1er février 1707. Quand son grand-père George Ier devient roi du Royaume-Uni, il est second dans l’ordre de succession. Une fois son père devenu roi, il devient le nouvel héritier à 20 ans et obtient le titre de prince de Galles.

Frédéric ne s’entend pas avec son père. Une violente dispute a lieu entre eux le jour de son mariage en 1736 avec Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg. L’année suivante, ils sont chassés du palais par le roi. Frédéric réunit alors les opposants à la politique royale qui deviennent ses plus farouches partisans.

Grand amoureux des arts, il est un mécène reconnu et un immense collectionneur d’art. Il soutient financièrement des artistes dans le seul but de s’opposer à ceux qui comptent George II comme mécène. Ainsi, il fonde l’Opera of the Nobility, une compagnie d’opéra politisée, pour s’opposer à Haendel qui a les faveurs du roi.

Avec son épouse, il a neuf enfants. Le futur George III est d’ailleurs proche de son grand-père. C’est lui qui doit lui succéder en 1760, Frédéric étant mort en 1751.

 

Charlotte de Galles, fille unique du roi George IV

La princesse Charlotte est née le 7 janvier 1796. Elle est la fille unique de l’héritier de la Couronne, le prince de Galles George. Ses parents ne s’entendent pas. George est un coureur de jupons, et son épouse Caroline de Brunswick a une attitude peu conformiste. Le couple se sépare peu de temps après leur union. Adolescente, elle est décriée par la cour. Chocking ! Elle se présente avec une robe qui laissent apparents ses bas.

Alors que son grand-père George III tombe dans la folie, son père est proclamé régent en 1811. Charlotte part alors vivre à Windsor auprès de ses tantes célibataires.

Alors que les guerres napoléoniennes prennent un tournant inquiétant pour l’Angleterre en 1813, George conçoit de considérer le mariage de sa fille avec le prince héritier d’Orange Guillaume pour renforcer la présence anglais en Europe du Nord. Mais pour elle, une reine d’Angleterre ne doit pas épouser un étranger. Finalement des négociations sont amorcées. La princesse est abandonnée par son père qui vit fastueusement, pendant que sa mère vit à travers toute l’Europe. Mais finalement, elle rencontre son cousin Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le couple s’unit en 1816. Léopold temporise le caractère de feu de Charlotte. Le 5 novembre 1817, elle donne naissance à un garçon mort-né. Charlotte, épuisée, semble se remettre progressivement. Mais elle est alors prise de vomissements et de douleurs à l’estomac. Elle est alors victime d’une hémorragie avant de rendre son dernier souffle.

Le prince-régent monte sur le trône trois ans plus tard. Mais la succession de George IV est désormais compromise. La couronne revient en 1830 à Guillaume IV qui meurt à son tour sans enfants en 1848. Ainsi vient l’avènement de la reine Victoria.

 

Albert Victor de Clarence, fils du roi Edward VII

Albert Victor naît le 8 janvier 1864. Petit-fils de la reine Victoria, il est destiné à succéder à son père le futur Edward VII. Il est éduqué selon les codes aristocratiques de son époque avec son frère cadet George.

La réputation d’Albert Victor, qui reçoit ses prénoms en référence à ses grands-parents, est noircie par sa vie dissolue. Vient alors la question de son mariage. Il est d’abord prévu en 1889 qu’il épouse sa cousine Alix de Hesse et du Rhin, qui devient finalement par la suite l’impératrice de Russie. L’année suivante, on pense à le marier la princesse Hélène d’Orléans, fille du Comte de Paris et prétendant au trône de France Philippe d’Orléans. Mais finalement, il est fiancé à Mary de Teck en décembre 1891.

L’avenir de la Couronne semble assuré. Mais le prince contracte une pneumonie au début de l’année 1892. Il rend son dernier souffle le 14 janvier, avant même d’avoir pu épouser Mary de Teck. Cette dernière est alors promise au frère cadet d’Albert Victor qui deviendra le roi George V. Ce jeune prince beau et charismatique incarnait la jeunesse de la monarchie britannique surpuissante. Cette perte est très mal vécue par la famille royale, surtout pour la future reine Alexandra qui fait de sa chambre un mémorial.