John, la tragégie d'un prince dans l'ombre des Windsor

John est le cadet d'une fratrie de six enfants. Fils de George V et de la reine Mary, il naît le 12 juillet 1905 dans le domaine de Sandringham. Il est baptisé un mois après sa naissance dans la petite église de Sainte Marie Madeleine de Sandringham, là où 111 ans plus tard la princesse Charlotte reçut le sacrement.

Au côté de ses frères et soeurs, John est éduqué par des nurses autoritaires ou même tyranniques. Et pour cause, pour le punir il est privé de repas, il est même interdit de pleurer en toute circonstance.

George V et Mary ne se montrent pas plus tendre avec lui. Le couple royal est issu d’une génération d’aristocrates qui n’autorisent les visites de leurs enfants qu’une heure par jour, souvent au moment du bénédicité. La vue de leurs enfants au moment des cérémonies officielles n’est que tolérée. Un pleure et l’enfant doit aussitôt retourner vers ses nourrisses. Ces dernières ont d’ailleurs la fâcheuse habitude de les pincer discrètement pour que le couple royal s’empresse de les faire retourner dans leurs appartements.

Mais John ne souffre pas uniquement d’une éducation où l’autoritarisme fait foi. Dès l’âge de 4 ans, il montre des signes de problèmes de santé inquiétants. Il est sujet à de nombreuses crises d'épilepsie, une maladie qui, en ce début de XXe siècle, reste incurable. Son père est couronné en 1911. John est obligé de rester alité pendant la cérémonie, brillant de son absence.

 ?Face à cette maladie qui effraie, George V et Mary ne savent pas comment réagir. Ils prennent une décision radicale. Jamais la maladie de John ne devra être montrée ou même évoquée en public. Pour le garder en lieu sûr pour lui et pour l’image publique de la famille royale, John vit reclus à Sandringham entouré d’une infirmière et de nurses. En cette période de Première guerre mondiale, la famille royale devait se montrer irréprochable. En plus de cela, elle voulait faire taire ses origines allemandes en changeant de nom. La présence de ce prince n’était forcément pas souhaitée. D’autant que l’on pense l’épilepsie contagieuse. Pour éviter toute propagation, l’enfant doit rapidement être mis en convalescence.

Son état de santé s’aggrave peu à peu. Si George V visite très peu son fils, Mary établit un voyage quotidien de Londres à Sandringham. Tous les jours, elle passe une heure ou plus avec son petit garçon obligé de vivre à l’abris des regards.

Les crises sont de plus en plus fortes et de plus en plus fréquentes. Aucun médecin n’est capable de le soulager. Nous sommes les 18 janvier 1919, John est âgé de seulement 13 ans. Ce jour-là, il est seul, entouré de seulement du personnel, lorsqu’il rend brusquement son dernier souffle après une énième crise d’épilepsie d’une rare violence.

Gardé caché presque toute sa vie, son enterrement est à l'image de son existence. Dans le secret le plus absolu, il est inhumé dans le cimetière de l'église de Sandringham. Seuls les membres de la famille royale et le personnel qui connut le prince assistèrent à cette cérémonie plus émouvante que jamais. On dit que l’on vu George V verser une larme pour la seule et unique fois en public.

La vie du prince John est faite de mystères. Peu connue du reste du monde, les Britanniques connaissent bien l’existence de ce prince malade resté dans l’ombre des Windsor.