La fièvre typhoïde, l'autre malheur de la reine Victoria

C’est bien connu. La malédiction des familles royales d’Europe est bien entendu l’hémophilie. Cette maladie du sang qui se transmet par la voix des femmes fauche la vie des hommes des plus grandes dynasties européennes. Tous descendent de la reine Victoria. Mais l’hémophilie n’est pas le seul malheur de la plus grande souveraine de son temps.

Et elle emporta le prince Albert

La reine Victoria et le prince Albert ont vécu une véritable histoire d’amour. En ces années 1870, la souveraine est endeuillée par la disparition de son époux depuis bientôt dix ans. Constamment vêtue de noir, elle dessine une silhouette singulière qui marque son règne. Elle n’arrive pas à se remettre de ce décès soudain.

En 1861, le prince de Galles part en Irlande assister à des manœuvres militaires. Pour le distraire, les officiers font entrer dans sa tente une actrice. La nouvelle se répand et confère à l’héritier du trône une réputation de coureur de jupons. Son père est furieux. Il part immédiatement pour Cambridge malgré la maladie pour le réprimander. Le prince Albert n’a jamais eu une santé de fer. Ce voyage empire son état de santé. Il rentre à Windsor pour s’aliter. Les médecins lui diagnostiquent la fièvre typhoïde.

Le prince Albert rend son dernier souffle le 14 décembre 1861. Victoria considère le futur roi Edward VII comme responsable de sa mort. Elle lui en veut, au point de voir les relations avec son fils se dégrader. Elle ne supporte pas la vie dissolue que mène Edward dans ses propriétés privées comme Sandringham, mais aussi lors de ses nombreux voyages en France comme à Paris.

 

Quand le malheur s'acharne ?

En 1871, les relations entre la reine et son fils sont au plus mal. Edward passe l’hiver à Londersborough Lodge, près de Scarborough. Très vite, Edward se sent faible et doit s’aliter. Les médecins sont dépêchés. Le diagnostic tombe. Le prince est atteint du même mal qui a emporté son père dix ans plus tôt.

L’empire tout entier s’inquiète de l’état de santé de l’héritier du trône. Pour Victoria, c’est un véritable cauchemar. Elle qui n’arrive toujours pas à se remettre du décès du prince Albert ne peut imaginer revivre la perte d’un être cher. L’un des invités du prince présent à Londersborough Lodge, George Stanhope, meurt quelques jours plus tard de la fièvre typhoïde. La reine met de côté ses ressentiments pour Edward et se rend au chevet du prince. Le Royaume-Uni prit pour son rétablissement.

Aux marches de la mort, Edward finit par se remettre miraculeusement. Le soulagement est universel. Le compositeur britannique Arthur Sullivan compose le Festival Te Deum pour célébrer la nouvelle. En plus de cela, la reine Victoria organise un service d’action de grâce en la cathédrale Saint-Paul de Londres pour remercier Dieu de la convalescence du prince.

La fièvre typhoïde aura failli prendre la vie de deux êtres chers de la reine Victoria. Traumatisée, elle aura toujours craint la mort de l’un de ses proche lorsqu’une fièvre apparaît. Mais finalement, Victoria devient la matriarche d’une vaste famille dont ses membres sont amenés à régner sur la plupart des monarchies européennes.