La photographie, la passion de la famille royale

Les Windsor sont certainement l’une des familles les plus photographiées au monde. La silhouette de la reine est si célèbre qu’en un seul coup d’œil il est aisé de la reconnaître. Des photographies de la reine et de sa descendance, nous en avons des millions, mais la famille royale britannique aime aussi se placer derrière les appareils. C’est une passion peu connue de la famille royale, pourtant un grand nombre des portraits officiels actuels sont pris par l’un des membres de cette famille illustre.

 

L'époque victorienne ou la naissance d'une passion

La reine Victoria, vêtue d’une ample robe noire et assise sur une chaise, tient dans ses bras sa fille aînée surnommée Vicky. Nous sommes en 1844, la jeune souveraine est sur le trône depuis seulement sept ans. Elle pose ainsi devant l’objectif de Henry Collen pour son tout premier portrait photographique de sa vie. Il est aujourd’hui encore considéré comme le premier cliché d’un monarque européen. Pour Victoria et son époux Albert, qui se fait tirer le portrait deux ans avant elle, une passion est née : la photographie. Le couple pose seul ou avec sa progéniture devant les objectifs. Après la mort du prince-consort, Victoria continue à se faire photographier. Ses portraits avec sa célèbre position inclinée de trois quarts donnent naissance à la légende de la souveraine qui incarne ainsi la puissance de l’empire britannique.

Mais pour la reine Victoria, il n’est pas question de se dire photographe. Il s’agit là d’un métier technique pas encore considéré au rang d’artiste. La photographie est avant tout une arme de propagande politique et un souvenir familial pour la postérité au réalisme déconcertant. Quoi qu’il en soit, la passion de la photographie est née au sein de la famille royale et s’offre un grand avenir dans le cœur des descendants de Victoria.

 

Alexandra, la première passionnée

Quand elle fait son entrée dans la famille royale britannique en 1863, Alexandra est une magnifique princesse danoise. L’épouse du futur Edward VII aime la mode et devient rapidement une figure de l’ère victorienne. Elle invente par exemple la mode des colliers à chien qu’elle accumule sur son cou pour cacher une cicatrice disgracieuse. Ses portraits font rapidement le tour du Royaume-Uni. Alexandra est belle mais timide et préfère profiter de sa vie privée plutôt que de briller en public. C’est donc dans le secret du cercle familial que s’épanouit la passion de la princesse.

Alexandra adore la photographie. Elle pose fièrement et avec enthousiasme, mais surtout, elle ne se déplace jamais sans un appareil photo en mains. Alexandra devient la photographe « officieuse » de la plus célèbre famille du monde. Les anniversaires, les mariages, les voyages, les rencontres, chaque moment de la vie de la reine Victoria et les siens est immortalisé par Alexandra. En bref, rien ne lui échappe au point qu’elle capture aussi les moments de ses animaux de compagnie ainsi que les paysages qu’elle découvre.

Par exemple, elle est à l’origine d’une photo de la reine Victoria prise dans son jardin de Windsor pleine de tendresse. La vieille reine à la longue robe noire la regarde avec un sourire enchanteur et la tête inclinée. Un portrait qui s’oppose farouchement aux photographies officielles de la plus puissante souveraine du monde. De plus, Alexandra prend en photo tous les détails de la visite du tsar Nicolas II et de sa famille en Angleterre en 1909 où l’on voit le tsarévitch et ses sœurs s’amuser avec leurs cousins anglais à bord du Standart. Véritable témoin de choix de l’époque victorienne, les clichés de la reine Alexandra sont désormais recueillis dans une dizaine d’albums et sont aujourd’hui des sources inestimables pour comprendre la vie de la famille royale à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

 

George VI, le discret photographe

Alexandra transmet sa passion à son petit-fils Albert. Le second fils du roi George V aime lui aussi immortaliser la vie de sa famille. Il prend ainsi en photo son frère aîné David et sa sœur Mary devant le château de Balmoral en 1908. Une fois marié, et père de deux filles, le duc d’York n’hésite pas à prendre son appareil pour photographier des moments de ses voyages officiels. Il est aussi l’auteur d’une photo devenue célèbre où l’on voit le vieux roi George V affaibli et assis dans un fauteuil, entouré de la reine Mary, de la duchesse d’York et de ses deux filles devant la petite maison où elles jouent dans le parc de Windsor. Devenu finalement roi sous le nom de George VI en 1936, il continue à prendre son appareil photo pour capturer chaque instant de sa vie privée au côté de son épouse et de ses deux filles.

 

Elizabeth II, une passion pour une autre

La reine Elizabeth II hérite de la passion de son père. Alors princesse héritière et jeune maman, elle aime capturer les instants de bonheurs de sa famille, en particulier de ses deux enfants. Armée de son petit Leica M3, la souveraine immortalise des scènes de vacances, les premiers pas de ses enfants ou encore ses nombreux voyages à bord du yacht royal Britannia. En 1958, la société Leica lui offre un appareil gravé à ses initiales. Comme la reine Alexandra, Élisabeth II remplit de larges albums, bleu "navy" et monogrammés, que ses aides de camp ne doivent d’ailleurs pas oublier de mettre dans ses bagages lorsqu’elle part en vacances à Balmoral, en Écosse, ou à Sandringham, dans le Norfolk.

Mais ce qu’elle aime avant tout photographier, c’est bien ses chers chevaux. Son amour de la chose épique n’est pas inconnu. Elle ne manque aucun Royal Ascot ou Windsor Horse Show. Au cours de cette dernière course de chevaux, elle apprécie tout particulièrement photographier ces animaux pleins de grasse.

Le prince Philip a lui aussi un don dans la photographie. En 1956, il rentre des jeux olympiques de Melbourne à bord du Britannia. Mais avant d’arriver en Angleterre, il passe par le Pacifique et l’Atlantique Sud où il réalise de nombreuses photos des oiseaux de mer qui y vivent. Il réunit ensuite ses clichés dans un livre intitulé Birds from Britannia.

La photographie fait d’ailleurs son entrée royale sous le règne d’Elizabeth II. En 1960, sa sœur Margaret épouse David Armstrong-Jones qui n’est rien d’autre qu’un photographe talentueux et reconnu. Pour la première fois de l’histoire, un photographe entre dans l’entourage royal. Il est ainsi l’auteur de nombreux portraits officiels. Sa vision artistique est très appréciée de la souveraine à tel point qu’elle continue à faire appel à lui après son divorce avec la princesse Margaret en 1978.

 

Kate Middleton, la photographe des Windsor

Mais aujourd’hui, la véritable photographe des Windsor est bien-entendu la duchesse de Cambridge. Kate Middleton est une grande passionnée de cet art, et elle ne l’a jamais caché. C’est en 2015 que son talent est révélé au grand public. Elle réalise le portrait officiel qui présente sa fille Charlotte aux yeux du monde. Le bébé est alors dans les bras de son frère George âgé de 2 ans. La beauté de cette photographie fait sensation et conquis même les critiques d’art. A cette date, la duchesse débute une nouvelle tradition. A chaque naissance, anniversaire et moment clé de sa famille, des photographies prises de ses mains sont publiées. De cette manière, une nouvelle communication de la famille Cambridge voit le jour. Désormais, le monde est à l’afflux de chaque nouveau portrait publié par le couple, ce qui discrédite les photos prises par les paparazzis.

En janvier 2020, Kate Middleton a réalisé une série de portraits très remarqués qui immortalisaient des survivants de l'holocauste accompagnés de leur famille. Le message de ces clichés est simple : le devoir de mémoire. Les critiques sont exaltantes face à ces photographies inspirées des techniques picturales du peintre Johannes Vermeer. La duchesse de Cambridge devient ainsi la plus illustre représentante du don royal des Windsor.