Les derniers mots des rois d'Angleterre

Ils sont les monarques britanniques les plus connus de l'histoire. Ils ont marqué leur place sur le trône de Saint-Edward par la gloire de leur règne, leur durée, leur dureté ou encore leur fragilité. Si leurs vies sont aussi passionnantes les unes que les autres, il est une question que nous pouvons nous poser. Quels sont les derniers mots des rois et reines d'Angleterre ? Nous avons sélectionner les derniers mots les plus célèbres de ces monarques anglais.
 

Guillaume le Conquérant

« Alors à notre bienheureuse Vierge Marie , la mère de Dieu, je me recommande. Qu'elle, par ses saintes intercessions, me réconcilie avec notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Dieu soit miséricordieux envers... »

Il est né batard du duc de Normandie Robert le Magnifique. Pourtant, c'est à lui que revient la couronne ducale en 1035. Ce jeune duc ambitieux part à la conquête de l'Angleterre en 1066 à la mort d'Edward le Confesseur. Devenu roi d'Angleterre, Guillaume le Conquérant est l'un des seigneurs les plus puissants d'Occident et impose son pouvoir d'une main de fer sur ses territoires. Malgré tout, il passe la moitié de son temps en Normandie. En 1087, le jeune duc-roi sportif et viril n'est plus. A la place se tient un colosse obèse et handicapé par une blessure. C'est ainsi qu'il part se reposer dans le prieuré de Saint-Gervais à Rouen. Le 9 septembre 1087, depuis sa chambre, il entend sonner les cloches du prieuré qui annoncent la première heure de prière de la journée. Il s'empresse alors de demander la Miséricorde de Dieu. Il rend son dernier souffle quelques heures plus tard. Sa mort ouvre une nouvelle ère pour l'Anglerre dont Elizabeth II est aujourd'hui la digne descendante.
 

Richard Coeur de Lion

« Je te pardonne. Lâchez ses chaînes et donnez-lui 100 shillings. »

Le 23 mars 1199, Richard Coeur de Lion prend la tête du siège du château de Chalus-Chabrol qui appartient au vicomte Adémar V de Limoges. Le roi anglais, tout juste rentré des croisades, vient mater ce noble qui conteste son pouvoir en Aquitaine. Au cours d'un assaut, Richard est blessé par un carreau d'arbalète dans l'épaule. Le carreau lui est retiré mais la gangrène s'installe. Le 6 avril 1199, juste avant de rendre son dernier souffle, il pardonne le tireur et demande à ce qu'il soit relaché.
 

Henri V

« Entre tes mains, Ô Seigneur. »

En pleine guerre de Cent Ans, Henri V règne sur l'Angleterre alors que son ennemi Charles VI le Fou gouverne difficilement sur la France. En juillet 1421, il part faire le siège de la ville de Dreux, aujourd'hui nécropole de la famille d'Orléans. Le 6 octobre suivant, il assiège Meaux mais l'hiver qui s'installe est rude. De mauvaise santé, Henri V tombe malade. Atteint de dysentrie, il meurt le 31 août 1422 au château de Vincennes. Celui qui voulait devenir le plus grand souverain de la Chrétienté en devenant roi de France se tourne alors vers Dieu, oubliant sa guerre contre Charles VI.
 

Henri VIII

« Moines, moines, moines ! »

Après un règne tumultueux de 37 ans, Henri VIII rend son dernier souffle le 28 janvier 1547 au palais de Whitehall à Londres. Avant cela, Henri VIII a eu six épouses, a créé son Eglise, a chassé les catholiques de son royaume et a régné de façon tyrannique. Ce roi au pouvoir de fer fut aussi un humaniste et un amoureux des arts. Voilà tout le paradoxe du second monarque Tudor. Mais ce qui reste dans l'esprit du roi lors de ses derniers instants, c'est bien son opsession de chasser les catholiques.
 

Elizabeth Ire

« Tous mes biens pour un instant. »

Le règne d'Elizabeth Ire est synonyme d'âge d'or pour l'Angleterre. Humaniste, elle développe aussi l'anglicanisme. Attachée à la paix, elle sauvegarde aussi son pouvoir en écrasant l'Armada espagnole. Sous son règne, l'art est au service de son image et de la puissance de l'Angleterre. Mais en tant que seconde fille de Henri VIII, Elizabeth a failli ne jamais régner. Sa soeur Marie Ire s'est d'ailleurs oposée longtemps à son accession. De son vivant, son père lui avait aussi retiré ses droits de succession et retenue dans une demeure anglaise pour protéger les droits du futur Edward VI. Celle qui a offert sa vie à l'Angleterre en décidant de ne jamais se marier a dû affronter bien des contestations au cours de son règne. Toute sa vie, elle a protégé ses droits et sa couronne, alors quand elle rend son dernier souffle le 24 mars 1603 au palais de Richmond, elle pense avant tout à tout ce qu'elle s'est efforcée de sauvegarder pour s'imposer.
 

Charles Ier

« Reste pour le signe. »

Charles Ier est un roi ambitieux qui a pour seul but : augmenter ses prérogatives royales pour tendre vers un pouvoir absolu. Mais le Parlement est une entitée puissante sur les Îles britanniques. Il doit faire face aux oppositions parlementaires dès 1625. Le Parlement finit par prendre les armes contre son roi en 1642, débutant la Première Révolution anglaise. Charles Ier finit capturé par Oliver Cromwell et ses hommes à la fin de l'année 1648. Le roi est ensuite jugé et condamné à mort pour haute trahison envers la Couronne. Un échaffaud est monté au palais de Whitehall de Londres. Une foule immense attend la mise à mort du monarque le 30 janvier 1649. Avant le moment fatidique, il convient avec son bourreau qu'il fasse tomber la hache qui lui tranchera la tête au moment où il tendera les mains. Alors quand il termine son discours adressé au peuple, Charles Ier murmure à son bourreau cette dernière phrase avant de s'agenouiller. Ce furent les derniers mots de ce roi aujourd'hui considéré par beaucoup comme un martyr.
 

Charles II

« N'oubliez pas la pauvre Nell. Ouvrez les rideaux pour que je voie à nouveau la lumière du jour. »

Charles II représente tous les espoirs des fidèles de la monarchie. Lorsqu'il monte sur le trône en 1660, il met fin à une décennie de dictature avec le Protectorat d'Oliver Cromwell. S'en est fini de l'épisode éphémère de la république anglaise. Mais en tant que souverain, Charles tente à nouveau de s'imposer face au Parlement. Si ses débuts sont prometteurs, il est finalement impopulaire par sa politique et sa vie dissolue. Le roi est un coureur de jupons. S'il a un fils illégitime qu'il reconnaît ouvertement, il est incapable d'offrir un héritier à la Couronne avec son épouse Catherine de Bragance. Le matin du 2 février 1685, il est victime d'une crise d'apoplexie qui a raison de sa vie. Il souffre pendant quatre jours avant de rendre son âme à Dieu le 6 février 1685 au palais de Whitehall. Juste avant sa mort, il se convertie au catholicisme après plusieurs années d'hésitation, et il s'assure que ses maîtresses ne seront pas mal traitées après son décès. C'est donc vers son frère cadet, le futur Jacques II qu'il se tourne pour lui demander de prendre soin d'elles et surtout de Nell Gwyn, la dernière en date, et qui a donné naissance à un autre batârd Charles Beauclerk.
 

Jacques II

« Reconnaissant - en paix... »

Quand Jacques II succède à son frère Charles II, c'est un nouveau règne qui se propage. Le roi est catholique et veut imposer de nouveau cette religion comme majoritaire dans son royaume. Plus que son frère et son père avant lui, Jacques II est un roi qui se tourne vers l'absolutisme. A ses yeux, la monarchie française de Louis XIV est un modèle. Il tente d'imposer son pouvoir mais il doit affronter les oppositions de nobles et hauts ecclésiastiques anglicans et attachés au pouvoir séparé entre le roi et les deux Chambres parlementaires. En 1688, Jacques II fuit la Glorieuse Révolution en France. Sa fille aînée Marie et son époux Guillaume d'Orange-Nassau s'emparent du trône. Accueilli par son cousin Louis XIV, il devient l'ami du plus grand roi d'Europe. Il tente malgré tout de retrouver son trône avec l'appui de Louis XIV, mais en vain. Jacques II vit avec une petite cours de fidèles à Saint-Germain-en-Laye. C'est entre les murs de ce château qui a vu naître Louis XIV que Jacques II rend son dernier souffle le 16 septembre 1701. Quelques heures avant de quitter ce monde, le roi de France lui rend visite, inquiet de sa santé. Malgré la signature d'un traité avec Guillaume III, le Roi-Soleil reconnait son fils Jacques François comme nouveau roi d'Angleterre. C'est avec cette promesse en tête que Jacques II succombe d'une hémoragie cérébrale.

 

George III

« Ne me mouillez pas les lèvres quand j'ouvre la bouche. Je vous remercie... ça me fait du bien. »

Presque aveugle et atteint de démence, le roi George III est alité depuis plusieurs jours quand vient son dernier souffle le 29 janvier 1820 au château de Windsor. Pour l'accompagner dans ses derniers instants, il peut compter sur son fils le prince Frédéric d'York. 59 années de règne tourmenté s'achèvent. George III a vu les colonies américaines gagner leur indépendance, en plus de voir son royaume devoir affronter la Révolution française et Napoléon Ier. Malade, le roi perd la tête au point qu'il soit déclaré inapte à régner en 1810. Son fils aîner est alors proclammé régent. Dernier signe de sa faiblesse, c'est à son fils qui lui donne à boire qu'il demande de ne pas mouiller ses lèvres avant de trépasser.
 

Victoria

« Bertie... »

La reine Victoria passe Noël 1900 dans sa résidence de l'île de Wight Osborne House. Mais au milieu du mois de janvier suivant, elle se sent mal et passe son temps au lit. Elle finit par perdre plusieurs fois connaissance. Sachant sa fin proche, tous ses proches se réunissent à son chevet. Dans son lit, elle songe à ses 64 ans de règne qui ont vu l'industrialisation de l'Angleterre et l'émergence de l'empire colonial britannique. Son règne est finalement synonyme d'apogée pour le Royaume-Uni. Son aura est si grande qu'elle devient à la fin du XIXe siècle la souveraine la plus respectée du monde. Mais si son règne fut glorieux, sa vie de mère le fut moins. Pendant de longues années, elle s'est affrontée avec son fils aîné Edward qu'elle surnomme Bertie. Leurs deux caractères forts étaient faits pour s'opposer. Victoria ne l'appréciait pas et lui donnait que très peu de place dans la vie publique de la famille royale. Mais comme des dernières excuses envers ce fils qui va lui succéder sous le nom d'Edward VII, Victoria murmure son surnom avant de passer dans l'au-delà le 22 janvier 1901.
 

Edward VII

« J'en suis ravi. »

Edward VII est réputé pour être un coureur de jupons invétéré qui mange les plaisirs de la vie à pleines dents. Mais ce grand diplomate est aussi et surtout à l'origine de l'Entente cordiale. Grand amoureux de la France, il passe beaucoup de temps dans le Paris de la Belle Epoque. Mais en ce début de XXe siècle, sa santé bascule et pour le soulager ses médecins lui conseillent de partir se reposer dans la Côte d'Azur. A Biarritz, il tombe finalement malade et rentre au palais de Buckingham le 27 avril. Il reste un mois alité, cumulant les crises cardiaques. Le 6 mai 1910, une course épique a lieu à Kempton Park. L'un de ses valets lui apprend que son cheval est sorti vainqueur de la course, ce à quoi il répond qu'il en est heureux. Ce furent ses derniers mots. Il perd ensuite connaissance avant de s'éteindre à 23h30.
 

George V

« Dieu vous maudisse ! »

George V symbolise la personne royale par excellence. Digne, patriote, politiquement neutre, charismatique, il a tout pour régner comme il se doit sur le Royaume-Uni. Face à la Première guerre mondiale, il s'impose comme un soutien moral aux soldats et aux Britanniques, allant jusqu'à visiter une dizaine de fois les tranchées. Le roi est présent pour son peuple, mais il reste d'un naturel distan. Il impose une distance toute royale, y compris avec son entourage. En lui se crée l'image de la famille royale actuelle et le renouveau de l'institution après la mort de la reine Victoria. Ce roi qui savait choisir ses mots en chaque occasion finit par les perdre avec le temps. Souffrant de problèmes respiratoires à cause de son tabagisme et d'un sepsis à la fin de sa vie, la santé du roi s'aggrave finalement. Il perd la tête progressivement. Il finit alité dans sa chambre de Sandringham le 15 janvier 1936. Son médecin personnel Lord Dawson prend en charge les soins qui lui sont administrés. Quand une infirmière vient lui administrer un sédatif, le roi s'écrit "Dieu vous maudisse !".Ce furent ses derniers mots. Pour le soulager et lui éviter une longue agonie, Dawson lui injecte une dose de cocaïne et de morphine. Il s'éteint à l'âge de 70 ans le 20 janvier 1936 avec son épouse et ses enfants à son chevet.


 
Edward VIII

« Mama… Mama… Mama… »

Edward VIII est l'opposé de son père George V. En tant que prince de Galles, il devient la star du gotha. Plus attaché à sa popularité qu'à ses devoirs, il attache très peu d'importance à son destin royal. Coureur de jupons, il s'amourache de femmes mariées. L'une d'elles se nomme Wallis Simpson. Cette Américaine bientôt doublement divorcée ne correspond en rien aux attentes associées à une reine-consort. Qu'à cela ne tienne, une fois devenu roi, Edward VIII est décidé à l'épouser. La famille royale, le gouvernement et l'Eglise s'y opposent, au point d'imposer un ultimatum. Il finit par abdiquer le 11 décembre 1936. Ses sentiments pro-nazis deviennent génants quand éclate la Seconde guerre mondiale. Celui que l'on nomme désormais le duc de Windsor est donc envoyé loin du continent, aux Bahamas en 1940. Il y revient à la fin du conflit mais sans jamais avoir le droit de résider à nouveau au Royaume-Uni. Il s'installe donc avec Wallis à la Villa Windsor, au coeur du bois de Boulogne de Paris. C'est entre ces murs qu'il vit ses dernières années dans un luxe exhubérant. Atteint d'un cancer de la gorge, il finit alité en avril 1972. Affaiblit, celui qui fut toute sa vie très attaché à la personne de sa mère la reine Mary, qu'il idéalise, l'appelle avant de rendre son dernier souffle le 28 mai 1972.