Mary de Teck, reine-consort à tout prix

La reine Victoria, plus puissante souveraine d’Europe régnait sur un Empire où le soleil ne se couchait jamais quand l’heure du mariage de son second héritier était venue.

 

Le duc de Clarence, héritier de la reine Victoria

Albert Victor, fils aîné d’Albert Edward de Galles, est né le 8 janvier 1864 dans la résidence royale de Frogmore House à Windsor. Second dans l’ordre de succession au trône britannique, il est donc appelé à succéder un jour à son père. Albert Edward et Alexandra de Galles eurent un second fils prénommé George le 3 juin 1865, qui naît à Marlborough House, à Londres. Les deux frères, qui n’avaient que 17 mois d’écart, furent éduqués ensemble par des précepteurs à la demande de la reine Victoria. Après avoir servis dans la Royal Navy, ils sont séparés en 1885 : George reste dans la Marine, tandis qu’Albert Victor part faire des études dans le Trinity College de l’université de Cambridge. Une fois ses études terminées, Albert Victor se concentra sur sa vie publique d’héritier du trône en obtenant le titre de duc de Clarence le 24 mai 1890.

 Vient alors le temps pour le désormais duc de Clarence de songer au mariage. Un prince appelé un jour à régner sur l’Empire britannique ne pouvait choisir une femme quelconque. Elle devait répondre à un certain nombre d’exigences dont la reine Victoria ne pouvait consentir à faire abstraction. Une jeune femme vierge, anglicane, faisant partie d’une bonne famille aristocratique, voila les principales qualités de l’épouse d’un héritier britannique. En plus de tout cela, la reine Victoria demanda également qu’elle respecte un certain nombre de valeurs qui lui sont chères comme les valeurs familiales et le sens du devoir. Alors que plusieurs prétendantes sont envisagées par la souveraine pour son petit-fils telles que Alix de Hesse (la future Alexandra de Russie) ou bien Hélène d’Orléans (l’une des arrières-petites-filles de Louis-Philippe Ier de France), Victoria Mary de Teck finit par être choisie.

 

Mary, aristocrate bien faite

Mary de Teck (surnommée May par sa famille parce qu’elle est née en mai 1867) était la fille de Francis de Wurtemberg, duc de Teck et Marie Adélaïde de Cambridge (cousine de la reine Victoria). Mary répondait à absolument toutes les exigences de Victoria. Les deux femmes avaient en plus le même caractère : quelque peu mélancolique, impulsive et consciente de son rang. Pour la reine Victoria, elle saura répondre aux exigences d’une reine-?consort. Mary venait d’une famille aristocratique mais endettée. Ils durent même quitter l’Angleterre en 1883 pour voyager à travers l’Europe afin d’échapper aux créanciers. Ce mariage apparaissait donc comme une occasion rêvée pour sa mère de combler les vides financiers de la famille. La position sociale de future reine-consort du Royaume-Uni était d’autant plus importante.

 

La mort tragique d'Albert-Victor

Les fiançailles entre Albert Victor et Mary sont célébrées le 3 décembre 1891 par une réception grandiose. Mais l’impensable se produisit... Le duc de Clarence meurt le 14 janvier 1892 d’une pneumonie à Sandringham House avant même que le mariage soit célébré. Les circonstances exactes de sa mort furent cependant controversées. Le manque de témoins à la mort du duc fut prémisse à l’apparition de rumeurs. Il se pourrait qu’Albert Victor soit décédé de la syphilis ou bien d’une overdose de morphine. Si les circonstances de sa mort ne sont pas claires, il est un fait incontestable : Albert Victor est mort. George, son frère cadet, devient alors second dans l’ordre de succession au trône. Mais que faire alors de Mary de Teck ?

 

Nouvelles fiançailles princières

Le caractère de l’aristocrate était si parfait pour devenir reine-consort que la reine Victoria n’abandonna pas son désir de la faire hisser au plus haut de la hiérarchie sociale britannique. Elle proposa que Mary épouse le nouvel héritier du trône après son fils, George. Les deux protagonistes se rapprochèrent durant la période de deuil qui suivait la mort du duc de Clarence. Finalement ils acceptèrent la perspective d’un mariage et les fiançailles furent célébrées un an seulement après la mort d’Albert Victor. Le mariage, quant à lui, est célébré le 6 juillet 1893 en la Chapelle Royale du palais Saint James à Londres en présence de Victoria.

Ce mariage était donc purement arrangé dans le seul but de marier au plus vite le nouvel héritier du trône et ne pas abandonner une prétendante aussi parfaite pour la fonction qui l’attendait. Au cours du temps, le couple apprit à se connaître et finit par tomber profondément amoureux. Pour preuve, il semble que George ne prit jamais de maîtresse durant leurs 43 ans de mariage. De plus, lorsque le couple se voyait séparé pour une quelconque raison, il s’attardait à s’écrire par de nombreuses lettres touchantes qui résultait d’un amour réel. Le couple eut 6 enfants et monta sur le trône britannique en 1910 à la mort d’Edward VII. Un mariage arrangé, certes, mais réussi grâce à leur caractère commun.