La collection Fabergé de la reine Elizabeth II

Elle est l’une des plus célèbres marques de joailleries du monde. Fabergé a accompagné pendant quatre décennies les têtes couronnées d’Europe. Bien entendu, la famille royale britannique ne fit pas exception. Je vous invite à admirer quelques-uns des plus beaux joyaux signés Fabergé de la Collection royale.

 

Quand Fabergé part à la conquête de l'Angleterre

Nous sommes en 1870 lorsque Pierre-Karl Fabergé prend les rennes de son entreprise de joaillerie. Les premières années, le créateur russe a dû mal à s’imposer dans la sphère très fermée des grandes maisons russes. En 1882, il participe à l’exposition pan-russe de Moscou. Ses créations font sensation et sont remarquées par le tsar Alexandre III qui lui commande des boutons de manchettes en forme de cigales. Fabergé devient ainsi le bijoutier favori de l’empereur qui ne cesse de lui passer commandes.

La tsarine Marie Feodorovna apprécie particulièrement son travail. Très proche de sa sœur la reine Alexandra du Royaume-Uni, elle lui présente les animaux miniatures que Fabergé a confectionné pour elle. Alexandra est sous le charme et s’attache rapidement aux créations de Fabergé. Le couple royal commence à cumuler les bijoux signés Fabergé et introduisent le créateur dans la bonne société anglaise.

 

Les oeufs de Fabergé et la Collection royale

Mais s’il y a une création qui a fait la renommée de Fabergé, c’est bien ses œufs aussi époustouflants que flamboyants. C’est en 1885 qu’Alexandre III commande à Fabergé un œuf de Pâques qu’il offre à son épouse. En émail blanc, il renferme une surprise : une poule multicolore en or avec à l’intérieur une couronne et un petit œuf en rubis. Cet œuf plait tellement à l’impératrice que le tsar en commande un chaque année. Son fils Nicolas II reprend la tradition de son père à son accession au trône de toutes les Russies. Au total, 52 œufs impériaux ont été produits par les ateliers de Fabergé. Si 7 ont aujourd’hui disparus, 3 appartiennent à la reine Elizabeth II.

La Collection royale compte de nos jours 119 bijoux signés Fabergé. Ces joyaux sont tous aussi splendides les uns que les autres. Il est difficile de les sélectionner, mais pour vous permettre de mieux vous rendre compte de la richesse de ces bijoux, nous en avons sélectionné quelques-uns dont nous vous contons leur histoire.
La collection Fabergé d'Elizabeth II

 

Oeuf au panier de fleurs sauvages

Cet oeuf est commandé par le tsar Nicolas II en 1901 comme cadeau de Pâques pour son épouse la tsarine Alexandra. Pâques est certainement la fête religieuse la plus importante de l'année pour les Orthodoxes russes. Pour l'empereur, un cadeau original et sompteux devait marquer l'événement. L'impératrice l'appréciait tellement qu'elle le gardait dans son bureau du Palais d'Hiver. A l'origine, sa base était recouverte d'émail blanc, mais la Révolution russe est passée par là. Détérioré, le pied est finalement recouvert d'émail bleu après l'acquisition de l'oeuf par la reine Mary en 1933.

 

Oeuf à la pendulette à colonnade

L'oeuf est extrêmement travaillé. Il est doté d'une horloge rotative avec cadran circulaire en émail. L'horloge est surmontée d'un cupidon en vermeil. Retenu par six colonnes qui encerclent des colombes en platine, l'oeuf est posé sur une base entourée de quatre angelots. En somme, il est présenté sous la forme d'un temple classic pour représenter le caractère divin de la famille royale. Cet oeuf fut réalisé en 1910 comme cadeau pour Pâques de Nicolas II à l'impératrice Alexandra. D'abord confisqué par le gouvernement provisoire en 1922, il est finalement acheté par la reine Mary en 1931 qui l'offre au roi George V.

 

Oeuf en mosaïque

Cet oeuf en mosaïque, en or et platine, en émail rose et blanc et serti de diamants, rubis ou encore saphirs, est d'une beauté exquise. Il contient comme surprise, un portrait des cinq enfants du tsar Nicolas II et d'Alexandra. Il fut offert par le tsar à son épouse en 1914. Après la chute du régime, le gouvernement provisoire le confisque en 1917. Il est finalement vendu à de riches particuliers. Le 22 mai 1933, le roi George V l'achète à Cameo Corner pour l'anniversaire de la reine Mary pour 250 livres sterling.

 

Caesar

Edward VII fut toute sa vie très attaché à son fox-terrier nommé Caesar. Le roi n'hésite d'ailleurs pas à poser auprès de son chien pour quelques portaits officiels. Il l'emmène aussi avec lui lors de ses voyages en France ou encore en Allemagne. En 1907, le roi commande à Fabergé pour sa femme Alexandra une dizaine de figurines d'animaux. Présentée à Sandringham, la collection est surnommée "l'animalerie de Sandringham". Parmi les pièces de cette collection de petits animaux précieux figure une représentation de Caesar en calcédoine blanche avec des yeux en rubis cabochon.

 

Portrait de la reine Alexandra

Fabergé ne s'est pas contenté de créer des oeufs et autres décorations d'intérieur. Il imagina aussi de magnifiques cadres-photo courrus par l'aristocratie anglaise. Celui-ci est en laque bleue et orné d'une monture percée. La laque est une technique très rare dans l'oeuvre de Fabergé. Si la date de la création de ce cadre est inconnue, on sait que la photographie couleur de la reine Alexandra qu'il renferme a été prise en 1913. D'abord conçu pour une demeure aristocratique, il fut acheté par la souveraine qui adoré sa finesse.

 

Eventail de Queen Mum

La Collection royale contient le plus grand groupe d'oeuvres de Fabergé, dont trois éventails. Celui-ci fut réalisé entre 1896 et 1903 et reprend le style des évantails du début du XIXe siècle. Le détenteur original de cet éventail reste pour l'heure inconnu, mais il fut la possession de la reine-mère Elizabeth Bowes-Lyon qui l'utilisa notamment pour son voyage en France en 1938.

 

Coffret Nicolas II

Le tsar Nicolas II avait pour habitude d'offrir aux ambassadeurs des nations étrangères avec qui la Russie entretenait de bonnes relations diplomatiques des coffrets richement décorés. Ces coffrets étaient toujours surmontés d'un portrait représentant l'empereur ou la famille impériale. Celui-ci est en émail guilloché vert foncé et encerclé d'or. Il fut réalisé en 1917 pour être offert à Gabriel Hanotaux, académicien et diplomate français. En 1934, la reine Mary l'achète pour l'offrir comme cadeau d'anniversaire au roi George V. Ce coffret fait ainsi partie des nombreux objets précieux en souvenir de la famille impériale russe.